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Refus du gouvernement de participer à la conférence de Genève: Badibanga crache sa colère

Dans une déclaration lue le 22 mars par José Makila, vice-Premier ministre et ministre des Transports et voies de communication faisant l’intérim du Premier ministre en mission, le gouvernement congolais déclare «décliner sa participation à la conférence de Genève» qui vise pourtant à mobiliser les ressources nécessaires pour apporter l’aide aux millions de personnes qui se trouvent dans un besoin humanitaire d’urgence. Les réactions ne se sont pas faites attendre, à l’instar de celle du Dr Denis Mukwege qui a condamné vertement l’exécutif congolais. Mais la réaction la plus attendue était sans doute celle de Samy Badibanga. Et pour cause: c’est lui qui est à la base de cette conférence des donateurs. En effet, agissant en tant que citoyen, de surcroit député national, c’est lui qui a pris contact avec le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, archevêque de Kinshasa, et le pasteur Bokundoa, président de l’Eglise du Christ au Congo -ECC- afin d’entreprendre une campagne internationale de lobbying au niveau mondial. Il a alors réussi à les réunir ainsi que d’autres organisations de la société civile au sein d’une structure dénommée «L’Espoir» dont il est coordonnateur. En décembre 2017, L’Espoir  a fait sa première déclaration commune signée par le Cardinal Laurent Monsengwo et le pasteur Bokundoa, présentant la situation humanitaire catastrophique du pays et appelant à l’organisation d’une conférence internationale des donateurs. Homme des réseaux, Samy Badibanga a alors pris son bâton de pèlerin pour les capitales qui comptent, de Bruxelles à Washington en passant par Paris, Londres et New York au siège de l’ONU. Le message de l’Espoir est passé, au point que les Nations Unies ont accepté d’organiser une conférence des donateurs le 13 avril à Genève en Suisse, à la date du 13 avril 2018. «Je constate donc avec regret que dans ce contexte, les autorités congolaises privilégient des questions de forme au lieu de celles de fond, et souhaitent s’entretenir des indicateurs en demandant une harmonisation des chiffres dans le but d’amoindrir la gravité de la situation avant d’envisager leur participation à la Conférence internationale des donateurs à Genève le 13 Avril 2018», a grondé le Premier ministre honoraire, précisant qu’il s’agit d’une attitude pour le moins irresponsable au regard de l’intensité d’une situation qui interpelle toutes les bonnes consciences.Ci-après la déclaration de Samy Badibanga.

Déclaration de l’Honorable Samy Badibanga

J’ai appris avec surprise et consternation la décision du gouvernement déclinant sa participation à la conférence des donateurs qui se tient à Genève le 13 avril 2018 en vue de mobiliser les fonds nécessaires pour venir en aide aux 13 millions de congolais qui se trouvent en situation d’urgence humanitaire, dont 4,5 millions de personnes déplacées au grand Kasaï, au Nord et au Sud Kivu, au Maniema et au Tanganyika. A ces personnes s’ajoutent depuis plusieurs mois à présent des dizaines des milliers d’autres que les récents développements alarmants en Ituri ont poussés sur le chemin d’exil en Ouganda.
Cette situation d’extrême gravité place desmillions de nos compatriotes dans le dénuement le plus total: sans alimentation, sans abri, sans sécurité, ni écoles ni centre de santé,  les obligeant à fuir ou à vivre encore dans les zones de violences ou de crises humanitaires.
Je constate donc avec regret que dans ce contexte, les autorités congolaises privilégient des questions de forme au lieu de celles de fond, et souhaitent s’entretenir des indicateurs en demandant une harmonisation des chiffres dans le but d’amoindrir la gravité de la situation avant d’envisager leur participation à la Conférence internationale des donateurs à Genève le 13 Avril 2018.  Il s’agit d’une attitude pour le moins irresponsable au regard de l’intensité d’une situation qui interpelle toutes les bonnes consciences.
En effet, ce projet de conférence internationale des donateurs que nous avons initié avec les églises Catholique et Protestante dans le cadre de la coordination l’Espoir a pour but de mobiliser le 1,68 milliard de dollars américains nécessaires au Plan de Réponse Humanitaire des Nations Unies pour le Congo. On ne peut pas laisser autant de personnes dans le besoin d’urgence extrême et risquer la mort juste pour sauvergarder son image de marque.
Compte tenu de ce qui précède, j’appelle les Nations Unies, l’Union Européenne et l’ensemble de la communauté internationale à accélérer la mobilisation de l’aide humanitaire que les autorités publiques congolaises ne sont, du reste, pas en mesure d’apporter.
Je rappelle ici la confiance que le peuple congolais place dans les Nations Unies pour mener à bien cette mission qui a pour seul objectif d’apporter le secours urgent et nécessaire aux 13 millions de congolais en besoin d’aide humanitaire d’urgence.
Au demeurant, j’en appelle au gouvernement congolais à faire preuve d’un sursaut d’orgueil afin, d’une part, de reprendre sa place à la conférence des donateurs prévu à Genève et, de l’autre, à honorer  l’impératif du respect des droits humains prévus par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, et en particulier le droit fondamental à la sécurité et à l’intégrité physique.

Fait à Kinshasa, le 25 mars 2018 

Honorable Samy Badibanga Ntita

Premier ministre honoraire

 

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