Dossier à la UneNation

Quand les chrétiens montent au créneau: Sermon interpellateur du Révérend Ekofo

Les RD-Congolais ont commémoré dans la grande méditation les journées des 16 et 17 janvier 2018, dédiées à la mémoire du Président Laurent Désiré Kabila et du Premier ministre Patrice Emery Lumumba, tous deux morts assassinés pour leur combat en faveur de la restauration d’un Etat de droit et réellement indépendant en RD-Congo.
Au-delà des cérémonies protocolaires, ces deux jours fériés ont constitué un temps d’arrêt pour une démarche introspective individuelle et collective des RD-Congolais sur le sens du combat mené par ces deux héros nationaux, ce qu’ils ont effectivement légué à la prospérité et ce qu’il en est de cet héritage de nos jours. Comme cela est de coutume, dans toutes les provinces du pays des offices religieux ont été organisés auxquels ont pris part plusieurs autorités civiles, militaires ainsi que les membres de la société civile.
Quel pays léguer aux enfants RD-Congolais ?
A Kinshasa, le culte célébré en la cathédrale du centenaire protestant et retransmis en direct sur les antennes de la radiotélévision nationale RTNC à l’occasion du 16ème anniversaire de l’assassinat de Mzee Kabila, a connu un grand retentissement avec le sermon du Révérend François David Ekofo Bonyeku. Dans sa communication, l’officiant du jour a rappelé à l’assistance le serment de l’illustre disparu invitant les RD-Congolais à ne jamais trahir le Congo. Axé sur le thème «Quel pays allons-nous léguer à nos enfants?», le pasteur protestant, dans un langage direct, courtois, sans fioriture et à la portée du commun des mortels, a pris comme socle deux passages de la Bible tirés de Deutéronome 10-14 et Psaumes 115-116. Dans les écritures saintes, l’Éternel Dieu dit qu’il a créé les cieux et la terre et il a confié la terre aux hommes. Dieu a donc confié la gestion de ce pays aux RD-Congolais, pas aux étrangers, ni aux Américains ni aux Belges, a martelé l’officiant. Aux RD-Congolais, Dieu demandera des comptes sur la gestion de la portion de terre qui leur a été confiée. Si tel est le cas, quel pays vont-ils léguer à leurs enfants?, s’est-il interrogé. Pour le Rév. Ekofo, les RD-Congolais doivent léguer à leurs progénitures un pays uni et se battre pour ne pas céder un seul centimètre-carré de la superficie de ce vaste territoire.
Poursuivant sa réflexion, l’officiant a insisté sur le fait que les RD-Congolais sont appelés à tout mettre en œuvre pour léguer un pays riche à leurs enfants et petits-enfants. Vu les immenses potentialités dont est dotée la RD-Congo, Dieu lui-même ne comprend pas que les RD-Congolais soient pauvres, a cogné le pasteur protestant, car le Créateur leur a tout donné. Dans la foulée, il a indiqué que les générations futures doivent hériter d’un pays autosuffisant sur le plan alimentaire. Il s’est insurgé contre la consommation des denrées importées à grands frais pendant que l’Eternel Dieu Tout puissant a comblé ce pays d’immenses terres arables avec des pluies abondantes. Le peu de devises dont dispose la RD-Congo doit servir à l’importation de nouvelles technologies plutôt que de la nourriture qui peut être produite en grande quantité avec la mise en valeur de vastes étendues propices ci-mentionnées.
Etat de droit avec une justice égale pour tout le monde
Le doyen de la faculté de Théologie à l’Université protestante du Congo -UPC- Rév. Ekofo a poursuivi son sermon en mettant un accent particulier sur l’Etat de droit à léguer à la progéniture, car il a l’impression que l’Etat n’existe pas. Or, l’autorité de l’Etat ne doit pas être un vain mot. Dans son entendement, l’administration de la justice doit être égale pour tout le monde sans discrimination et frapper avec la même rigueur tous les justiciables, que l’on soit ministre, général d’armée ou citoyen ordinaire. Il a illustré sa pensée par le procès équitable accordé à l’auteur de l’attentat qui a failli coûter la vie à l’ancien président américain Ronald Reagan. Cet assaillant, contrairement à ce qui se passe sous les cieux africains, a été condamné non pas à la prison ferme, mais à être soigné parce que c’est la justice d’un pays qui juge ses citoyens, qui sont d’abord des nationaux.
L’officiant du jour en est arrivé à épingler le non-respect des lois par ceux-là mêmes qui sont censés prêcher par l’exemple. En plus du manque d’Etat, il a relevé d’autres déficits de taille tels que l’absence d’unité chez les RD-Congolais qui ne se connaissent pas suite à l’absence de voies de communication performantes pouvant leur permettre de circuler librement à l’intérieur de leur territoire. Les voies existantes constituent plutôt un véritable goulot d’étranglement. A ce propos, le pasteur protestant a remué le couteau dans la plaie avec le constat déplorable selon lequel tous les réseaux routiers africains du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest connaissent une nette rupture aux frontières de la RD-Congo.
Ce qui désole bien d’Africains. Il faut donc inverser cette fâcheuse tendance. Sans quoi, les enfants vont quitter la RD-Congo pour aller voir ailleurs, mourir en Méditerranée ou encore dans le Pacifique, a stigmatisé l’officiant. S’adressant aux dirigeants des pays voisins qui ne cessent de monter des stratégies pour occuper les terres RD-Congolaises, l’officiant du jour a prédit que tôt ou tard, les RD-Congolais récupéreront le tout car ce pays ne restera pas éternellement faible.
Transfert des capitaux, de la technologie et du know how
Aux grands de ce monde dont les Ambassadeurs étaient présents au culte, le doyen de la faculté de Théopologie a plaidé en faveur du transfert des capitaux, de la technologie et du know how dont la RD-Congo a grandement besoin pour son développement. «Nous sommes grands et nous devons avoir un grand destin comme les grands pays du monde avec effet d’entrainement auprès de nos proches et lointains voisins», a-t-il conclu.
Interpellation de tous les RD-Congolais sans distinction
Le Rév. Ekofo a donc interpelé tous les RD-Congolais dans leur ensemble, particulièrement les décideurs, les invitant à une réelle introspection. Son interpellation est d’autant plus retentissante qu’elle se situe dans la foulée de la montée au créneau du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya au lendemain de la marche des chrétiens réprimée par les forces de l’ordre. Disons-le sans ambages, très peu de personnes s’attendaient à une telle volée de bois verts administrée aux détenteurs de l’impérium présents au culte. D’où la coupure impromptue du signal de retransmission de cet événement par la radiotélévision nationale? N’empêche, à moins de faire montre de cécité, le tableau peint par l’officiant du jour est tellement réel qu’il exige de tout citoyen conscient des enjeux de se remettre en question pour inverser la courbe, comme il l’a si bien dit. La grande question qui reste pendante sur toutes les lèvres est celle de savoir si les RD-Congolais ont réellement conscience des obligations qui leur incombent de prendre en charge la gestion de ce pays dans tous ses secteurs en vue d’améliorer le vécu quotidien de ses habitants et de léguer, par ricochet, à la progéniture, une nation digne de ce nom. La question vaut son pesant d’or. Or, de par sa position géographique et ses potentialités inestimables et incommensurables, la RD-Congo est appelée à jouer un rôle de premier plan dans le concert des Nations. Malheureusement, les RD-Congolais, principaux intéressés, continuent de végéter dans la culture des jérémiades, préférant rejeter sur les autres leurs insuffisances notoires et se gardent de fournir les efforts nécessaires pour transformer toutes ces ressources dormantes en richesses potentielles au profit de toute la communauté nationale, et au-delà des frontières. Et pourtant, la RD-Congo avec tous ses atouts indéniables a l’obligation d’être la locomotive dans la région de l’Afrique centrale.

Philippe MBAYI

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