Dossier à la Une

Les douze hommes clés du Régime

Joseph Kabila et Tryphon Kin-kiey lors de l'inauguration de la station d'atterrage à fibre optique à Muanda
Joseph Kabila et Tryphon Kin-kiey lors de l’inauguration de la station d’atterrage à fibre optique à Muanda
L’équipe resserrée du Président de la République compte exclusivement des hommes, certains de sa génération, d’autres plus âgés que lui. Tous ne sont pas Katangais comme d’aucuns peuvent l’imaginer ou le prétendent mais trois ont occupé les fonctions de Directeur de cabinet     
Ils sont de tous les coups. Nuit et jour, ils cogitent, bougent, étudient, entendent, consultent, travaillent… Entre GLM, la résidence officielle de Joseph Kabila, le Palais de la Nation, les bureaux du Président de la République, et Kingakati, sa ferme. Les plus proches collaborateurs de Kabila sont tous des hommes, certains de sa génération et d’autres plus âgés que lui. Tous lui sont utiles mais chacun accomplit une tâche particulière. Ils ne sont pas tous Katangais comme d’aucuns peuvent l’imaginer ou le prétendent. La tête de liste, Aubin Minaku, originaire de Bandundu, est speaker de l’Assemblée nationale et Secrétaire général de la Majorité présidentielle -MP-, donc numéro deux du pays et du Régime.
Plus au centre, l’Ouest Kasaïen Evariste Boshab, est le gardien du temple, le PPRD, le parti-phare de la galaxie, ancien directeur de cabinet. Augustin Matata, le Premier ministre, est issu de la province du Maniema. Mais dans ce groupe, 4 Katangais jouent un rôle essentiel. Notamment, Kalev Mutond, l’administrateur général de l’Agence nationale des renseignements -ANR-, Jean Mbuyu, considéré comme le double du Conseiller spécial, l’ambassadeur itinérant Séraphin Ngwej et Me Nkulu Kilombo, officiellement ambassadeur à Kigali, l’une sinon la principale plume du Président. Une liste à laquelle il convient d’ajouter le Ne-Kongo Antoine Ghonda, l’homme des missions secrètes, le Sud-Kivutien Marcellin Chissambo, de toutes les réunions nocturnes, l’Equatorien Didier Etumba, chef d’Etat major général des FARDC voici bientôt huit ans, et deux Est Kasaïens: l’autre ancien directeur de cabinet et ancien ministre de l’Intérieur Adolphe Lumanu, et le ministre des Affaires étrangères Raymond Tshibanda, également ancien chef du cabinet du Président de la République. Le brassage ethnique est patent.   
Aubin Minaku
Il est, dans l’architecture constitutionnelle, numéro deux du pays. Elu au perchoir le 12 avril 2012, Aubin Minaku Ndjalandjoku est aussi Secrétaire général de la Majorité présidentielle. A ce titre, il convoque et préside les réunions du Bureau politique de la plate-forme présidentielle. Il communique les orientations du boss. Ce juriste de formation combine donc ses prérogatives constitutionnelles à ses tâches éminemment politiques aux côtés de Joseph Kabila. A 50 ans, cet ancien magistrat a bourlingué dans plusieurs cabinets politiques et au Conseil national de sécurité avant d’entamer une carrière politique reluisante. Après avoir intégré l’équipe de campagne du candidat Kabila en 2005, il est élu député PPRD à Idiofa, Bandundu. A l’Hémicycle, ses pairs le désignent deuxième vice-président du Groupe PPRD. Repéré par la hiérarchie, il prend les galons qui vont lui ouvrir un nouveau destin: c’est lui que Kabila nomme Secrétaire général de la MP peu avant les élections de 2011. Mission accomplie avec brio parce que Kabila et sa majorité rempilent alors que lui-même conserve son siège à la chambre basse. Le chef le gratifie du prestigieux strapontin de président de l’Assemblée nationale. Il co-préside les Concertations nationales avec l’opposant Léon Kengo wa Dondo dans le but de veiller et préserver les intérêts du patron. Il s’investit régulièrement dans le dialogue avec les groupes de l’Opposition chaque fois que ceux-ci déclenchent une crise susceptible de paralyser la bonne marche de l’appareil législatif. Pas besoin d’un dessin pour comprendre son  rôle près de Kabila.
Augustin Matata
Fin octobre 2013, certains avaient annoncé son départ de la Primature. Une année plus tard, Matata Ponyo a encore la confiance de Joseph Kabila. Originaire du Maniema, le Premier ministre a su se montrer utile et d’une efficacité indéniable autour du Président de la République. Depuis son entrée en fonction, l’ancien ministre des Finances a su réaliser des actions nécessaires à la matérialisation des promesses électorales de Kabila, en plus d’avoir engrangé des résultats palpables sur le plan économique. Sous l’impulsion du Président qu’il sert avec dévouement et loyauté, il a amené le pays à accumuler près de USD 2 milliards de réserves de change contre moins 250 millions il y a 6 ans. La RD-Congo connait aussi une stabilité macroéconomique jamais signalée depuis 1960. A l’issue du débat sur la loi de finances 2015, le PM de Kabila a promis d’accélérer la mise en place des infrastructures structurantes, notamment les barrages de Zongo 2, Katende, Kakobola, Inga 3…, construire des villages modernes, électrifier certains territoires ruraux, poursuivre la construction, la réhabilitation et la modernisation des routes et des voiries, des infrastructures scolaires et sanitaires, équiper les zones de santé, rationnaliser les rémunérations des agents de l’Etat. De quoi davantage de gueule au bilan de la Majorité et son Autorité morale avant les élections provinciales, municipales et locales.        
Evariste Boshab
Le Secrétaire général du PPRD, le parti-phare de la Majorité, est l’une des rares personnalités de la Majorité à voir régulièrement le boss. Il garde l’influence. Pour des raisons évidentes. C’est le gardien du temple. A ce titre, depuis plus de 5 ans, il veille à l’application sans failles des orientations des troupes. Il est l’oreille et l’interface entre le Président et ses nombreuses troupes du PPRD. Boshab est de ceux qui pensent que Kabila doit poursuivre son œuvre de pacification et de reconstruction de la RD-Congo. Quand la Majorité a semblé un moment malmenée par l’Opposition en verve, il a été le premier à lancer le débat sur la révision. Cet universitaire, constitutionnaliste, professeur d’université a le courage de ses idées. Contre vents et marées, l’ancien dircab et président de l’Assemblée nationale est monté en première ligne en allant défendre les thèses de la Majorité aux Etats-Unis, où il a également abattu un travail de lobbying appréciable. Son livre sur la Constitution, «un outil critique des théories sur le pouvoir constituant et le pouvoir de révision mais aussi un instrument prospectif», est la preuve de son engagement politique aux côtés de Kabila. Boshab est député réélu de Mweka. Il a réussi à donner au PPRD sa deuxième victoire électorale consécutive après le sacre de 2006.
Adolphe Lumanu
L’autre ancien dircab a disparu de la scène mais n’a jamais quitté le sérail. Il est de toutes les stratégies au Bureau politique du PPRD et de la Majorité, puis à la Chambre basse du Parlement. Kasaïen et député réélu comme Boshab, ancien ministre de l’Intérieur, il connait le fonctionnement des services de renseignements et a la maitrise des plusieurs dossiers de par sa longue riche carrière politique et sa participation à la CNS et au Conclave politique de Kinshasa, en 1993. Il a coordonné le Bureau d’études, stratégies et actions du PPRD de 2004 à 2006. Ce n’est pas par hasard que Kabila a choisi cet organisateur, ancien ministre des Relations avec le Parlement, pour organiser le nouvel Office national d’identification de la population -ONIP- dont il est le tout premier Directeur général.
Kalev Mutond
C’est le patron de la sécurité, des renseignements, un secteur où l’on ne place qu’un homme de confiance. Il fait partie de ceux que le chef appelle et consulte. Il est Katangais comme le Président de la République, également proche de lui de part les origines et la langue. Très souvent, il fait partie du cercle fermé des émissaires du Président dans plusieurs capitales, pour plusieurs dossiers.     
Me Nkulu Kilombo
Officiellement ambassadeur à Kigali, il est très visible à Kinshasa au service du Chef. Eminence grise et une sinon la principale plume du Président, Me Nkulu Kilombo figure parmi ses plus proches collaborateurs. L’avocat a également presté comme Conseiller principal du Collège juridique et administratif avant d’être nommé directeur de cabinet adjoint, puis ministre d’Etat près le Président de la République dans le gouvernement Gizenga I. En détachement à Kigali, il est toujours rappelé à Kinshasa chaque fois que l’urgence l’impose.        
Me Jean Mbuyu
Le spécialiste des questions juridiques et de sécurité. L’ancien conseiller spécial joue actuellement le double du Conseiller spécial. Travailleur et appliqué à la tâche, constant dans ses réflexions et engagements, on dit Jean Mbuyu Luyongola qu’il ne fait jamais rien sans avoir reçu les ordres de la hiérarchie. Camarade de promotion de Boshab, ce Katangais a également dirigé le cabinet de Mzee Laurent Désiré Kabila. Depuis, il est resté dans les allées du pouvoir.
Marcellin Chisambo
Gouverneur du Sud-Kivu, ancien conseiller politique et diplomatique, il ne reste jamais une semaine à son poste d’attache. Il est de toutes les réunions nocturnes et diurnes, donnant ses avis et considérations sur diverses questions.
Séraphin Ngwej
Katangais. Conseiller diplomatique du Chef de l’Etat, il est presque de tous les voyages et visites de Kabila à l’étranger, s’il ne part en mission de lobbying ou de prospection. L’une des importantes missions auxquelles il a pris part reste celle effectuée à Paris et à Bruxelles au lendemain de la présidentielle de 2011, en compagnie de Kalev et du ministre des Médias, Lambert Mende. Objectif: rencontrer des responsables en vue de contrer Tshisekedi dont les envoyés, Félix Tshisekedi et Samy Badibanga, devaient faire presque le même boulot. La suite est connue: les choses ont tourné à l’avantage de Kabila. Ambassadeur itinérant du Président, Ngwej est aussi l’un de ses conseillers diplomatiques les plus écoutés sur les questions diplomatiques.
Antoine Gondha
Ancien ministre MLC des Affaires étrangères, Ghonda a su faire sa mue jusqu’à devenir l’une des pièces maitresses du dispositif Kabila. C’est l’homme des missions secrètes à l’étranger. Toujours entre deux avions mais dans la discrétion la plus totale. Une sorte de visiteur du soir que les voisins ne voient pas venir mais toujours la bienvenue dans le salon du maître.
Raymond Tshibanda
Reconduit deux fois au poste de ministre des Affaires étrangères, le Kasaïen Raymond Tshibanda. Depuis plus de six ans, le patron de la diplomatie RD-congolaise a été de tous les dossiers et de toutes les grandes réunions pour faire entendre la voix du pays et de son Président. Stratège, méthodique, il a conduit les négociations avec le M23 à Kampala pendant près d’une année, interrompant les plénières chaque fois qu’il en ressentait la nécessité pour recevoir les ordres du chef. Ancien directeur de cabinet du Chef de l’Etat, Tshibanda a aussi été directeur de cabinet de l’ancien Premier ministre Mulumba Lukoji.
Didier Etumba
Rester 6 ans durant aux commandes de l’Armée est synonyme de crédit. Le général Didier Etumba, chef d’Etat-major général des FARDC peut se targuer d’être l’un des collaborateurs en qui le Chef de l’Etat a foi. Sous les ordres de Kabila, ce galonné a dirigé l’Opération Pomme Orange qui a débouché sur la victoire militaire sur les rebelles du M23. Etumba est originaire de l’Equateur.
AKM 

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