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Léon Kengo, champion du dépassement budgétaire!

Le speaker du Sénat est un véritable champion en dépenses. La loi sur la reddition de comptes 2012 l'atteste
Le speaker du Sénat est un véritable champion en dépenses. La loi sur la reddition de comptes 2012 l’atteste

La publication du rapport portant reddition des comptes du budget 2012 consacre le jour où le Grand Kengo, pourtant réputé pour sa rigueur dans la gestion et tenté par l’alternance, est devenu Petit. Le speaker du Sénat a été le plus gaspilleur de tous les mandataires de l’Etat l’année dernière, tant dans les dépenses de fonctionnement -CDF 8,3 milliards- que dans les dépenses de rémunérations, soit CDF 926 millions!

Léon Kengo wa Dondo vient d’enfiler de la manière la plus triste l’habit de champion du dépassement budgétaire. La Loi portant reddition des comptes du Budget 2012 en circulation au Palais du peuple, à laquelle AfricaNews a eu accès, met en lumière l’état des finances de la Chambre haute du Parlement RD-congolais. On n’exagérerait pas à porter un doigt trop accusateur sur cette gestion irresponsable des finances, qui fait mettre en doute les capacités de son auteur, patron d’une Assemblée de 108 élus et d’une administration ne dépassant pas 300 personnes à gérer correctement les finances publiques d’un pays dont la population avoisine aujourd’hui 80 millions d’âmes. Sa présumée rigueur sous Mobutu n’est qu’affabulation.

Auteur d’un parcours politique élogieux -ancien conseiller de Mobutu, ancien PGR redouté et redoutable, trois fois Premier ministre, très connu pour sa rigueur dans la gestion… sous la 2ème République, speaker de la Chambre haute du Parlement RD-congolais depuis sa surprenante victoire sur Léonard She Okitundu, candidat du Pouvoir, début 2007, prenant du coup sa revanche sur les tombeurs de son mentor et se propulsant comme la troisième personnalité du pays avec la chance constitutionnelle d’en devenir provisoirement le numéro 1 en cas des vacances au sommet de l’Etat, candidat malheureux à la présidentielle du 28 novembre 2011, donc à l’alternance, le Grand Kengo est devenu Petit. Il vient d’aligner des résultats qui feront date.

Les voies qui mènent en enfer, comme au Paradis, ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Le mois d’octobre dernier a révélé un moment qui change la vie de Kengo et fait tomber son mythe de bon gestionnaire ou champion de la bonne gouvernance, connu par les ex-Zaïrois devenus RD-Congolais sous l’appellation de l’Homme de la rigueur. Il vient d’être rattrapé par l’histoire et le vieux démon qui ronge la RD-Congo notamment la dilapidation des deniers publics. L’insoupçonnable Kengo a vu le ministère des Finances rendre publique la Loi portant reddition des comptes du Budget 2012. C’est peut-être un moment-charnière dans la -finissante?- carrière politique de Kengo.

AfricaNews sait qu’il va s’attirer la foudre des Kengistes en consacrant cet article à cet événement. Ils y verront une main noire. Comme d’hab! Comme on a souvent l’habitude de penser que, dans ce pays, les journalistes ne dévorent pas assez les documents officiels ou quand ils les dévorent, c’est parce qu’ils sont instrumentalisés. Il s’agit ici d’un devoir. D’une histoire de génération: dénoncer les abus des dirigeants et les scandales des sociétés. C’est un droit inaliénable, celui d’être informé et d’être informé. On a vu Kengo au front contre Jean-Claude Baende, gouverneur déchu de l’Equateur. On l’a vu laisser la tribune du Sénat pour laisser massacrer un gouverneur, sans nul doute parmi les plus défendables et raisonnables… On l’a entendu railler la mauvaise gouvernance du Régime dont il est pourtant l’un des animateurs-clé.

 

Le plus gros morceau réservé au Bureau

Au nom du droit à l’information, le public doit savoir que, contrairement aux habitudes, la Loi portant reddition du Budget 2012 est prête; bien avant l’examen et le débat sur la Loi de finances 2014. Qu’elle fait entre autres état des dépassements budgétaires au Sénat et dans d’autres services de l’Etat. Que le cas Kengo intéresse compte tenu de la notoriété de cette personnalité et son influence sur la marche du pays. Il y a peu, au nom de son appartenance à l’Opposition, Kengo a appelé à la formation d’un gouvernement d’union nationale en vue entre autres de corriger la gouvernance actuelle. Pourtant, le speaker vient d’être éclaboussé. Il est passé champion du dépassement budgétaire. Preuve: le Tableau récapitulatif des dépenses de fonctionnement des Institutions en 2012 place le Sénat derrière la Délégation générale à la Francophonie, une structure passagère créée pour organiser le XIVème sommet de la Francophonie avec plus de CDF 50 milliards dépensés. Le décaissement dont Kengo s’est rendu coupable s’élève à 8.330.077.503,66, soit près d’USD 9 millions, devant le Secrétariat du gouvernement -CDF 3.456.171.171,77- et l’Assemblée nationale -CDF 911.472.139,97. Pendant ce temps, la Présidence de la République et la Primature sont restées dans les prévisions de l’autorité budgétaire. Des chiffres impitoyables pour Kengo.

Dans les détails, le Tableau du ministère des Finances indique que le Bureau du Sénat s’est taillé la plus grosse part sur ces sommes, éventuellement retirées d’autres projets ou d’autres postes budgétaires, soit CDF 8.347.743.691, 15 sous la Rubrique «Fonds spécial d’intervention», laissant des miettes au Cabinet, soit CDF 282.333.542,15!

Kengo confirme cette propension à la dépense dans le chapitre «Dépenses de rémunérations», où son institution a encore fait un dépassement évalué à CDF 925.784.981, 21. En clair, le Sénat a dépensé CDF 18.787.321.849,21 alors que les prévisions se chiffraient CDF 17.861.536.868,00. Ici encore, la Présidence et la Primature se sont bien comportées avec chacune une balance nulle. Reste à savoir quelle loi ou quelle autorité budgétaire compétente a accordé ces dépassements et suivant quels mécanismes toutes ces dépenses supplémentaires ont été engagées. En attendant, le prestige de l’ancien PM de Mobutu est entamé.

AKM 

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