Dossier à la UneNation

Kabila, Sassou et Lourenço contre l’accession au pouvoir par des voies non constitution-nelles

La première tripartite «RD-Congo-Angola-Congo-Brazzaville» pour l’année 2018 s’est tenue le 14 février 2018 au Palais de la Nation, à Kinshasa. Selon le communiqué final, elle a fait suite au mini-sommet de la CIRGL organisé le 9 décembre 2017 à Brazzaville. Les trois Chefs d’Etat, en l’occurrence Joseph Kabila Kabange, Denis Sassou Nguesso et Joao Manuel Gonçalves Lourenço, «ont passé en revue la situation générale dans la région des Grands Lacs ainsi que le renforcement de la coopération» entre les trois pays, y lit-on. La tripartite a abordé trois sujets précis: la situation générale dans la région des Grands-Lacs, l’évolution du processus électoral en RD-Congo et le renforcement de la coopération trilatérale…
S’agissant de la situation générale dans les Grands-Lacs, les trois chefs d’Etat «ont souligné l’importance de la paix et de la stabilité de la Région», considérés comme «facteurs propices au développement des Etats et à l’épanouissement des populations respectives».
Aussi, ont-ils fait valoir «l’urgence et la nécessité d’une application sans faille des Déclarations de Nairobi du 12 décembre 2013 et de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba» du 24 février 2013 et lancé un appel «à la diligence des Etats de la Région de tenir leurs engagements tant nationaux que régionaux souscrits dans le cadre dudit Accord, en cette cinquième année de sa signature».
Dans le même cadre, condamnant les violations graves du Droit international perpétrées à l’Est de la RD-Congo contre la population civile RD-congolaise et le personnel de la MONUSCO, ils ont cité parmi les groupes armés concernés les «terroristes ADF qui continuent à opérer de manière sporadique dans la région». Ils ont pris l’engagement de «mutualiser leurs efforts et ceux de la région afin d’éradiquer les mouvements terroristes en activités dans la région», conformément aux décisions du dernier sommet de la CIRGL.
Ils ont rappelé l’engagement «non encore exécuté de la Communauté internationale de délocaliser les FDLR qui sont toujours cantonnés dans quelques contrées» de la RD-Congo et se sont félicités «de la pacification de l’espace Kasaï», situation qui permet le retour des personnes déplacées. Ils ont encouragé la collaboration avec l’Angola «par la réouverture de ses frontières pour un retour volontaire et dans la paix des ressortissants congolais ayant trouvé refuge» dans ce pays.
Pour la situation sécuritaire dans la région, ils ont abordé d’abord celle qui prévaut au Congo-Brazzaville. Ils ont salué «les avancées réalisées» pour y ramener la paix troublée dans le Département du Pool et encouragé les autorités de ce pays à persévérer dans la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu signé à Kinkala le 23 décembre 2017.
S’agissant de la crise postélectorale au Kenya, ils ont invité les acteurs politiques «à privilégier le dialogue en vue d’apaiser les tensions perceptibles dans ce pays».
En ce qui concerne la persistance de la crise politico-militaire en République Centrafricaine, ils ont condamné les actes de violence qui s’y commettent et qui sont «de nature à compromettre les efforts de stabilisation» en cours.
Processus électoral
En ce qui concerne l’évolution du processus électoral en RD-Congo, l’échange s’est focalisé «sur les progrès accomplis» depuis la dernière session, soulignant particulièrement «la mise en œuvre du calendrier électoral publié le 5 novembre 2017» par la CENI, mettant en exergue la présidentielle, les législatives et les provinciales prévues le 23 décembre 2018.
«Au nombre des avancées, ils ont noté la fin des opérations d’enrôlement des électeurs sur le plan national depuis le 31 janvier 2018, avec plus de 46 millions d’enrôlés, et le début des opérations de nettoyage du fichier électoral afin de déterminer le nombre exact des électeurs». Ils sont d’avis que cela «permettra l’adoption prochaine de la loi sur la répartition des sièges».
Conséquence: les Présidents du Congo-Brazzaville et d’Angola «ont félicité leur homologue, son excellence monsieur Joseph Kabila Kabange, Président de la RD-Congo pour la promulgation le 24 décembre 2017 de la loi électorale et de la loi des finances 2018, ainsi que pour les efforts déployés par le Gouvernement de la RD-Congo dans la prise en charge financière du processus électoral».
Après avoir réaffirmé leur attachement profond «à la tenue des élections véritablement apaisées» et s’être félicités «de l’avancée du processus consensuel porté par l’Accord du 31 décembre 2016» non sans appeler «à la retenue»… toutes les parties prenantes au processus électoral en RD-Congo, les trois Chefs d’Etat «ont particulièrement condamné toute tentative d’accession au pouvoir par des voies non constitutionnelles».
Les Présidents congo-brazzavillois et angolais «ont lancé un vibrant appel à tous les acteurs politiques congolais et ceux de la société civile à se mobiliser en vue de la concrétisation de l’agenda électoral, dans l’unité, le calme et la paix», demandant au passage -en raison de l’acuité des défis entourant ce processus- «de conjuguer leurs efforts en vue d’un soutien effectif à la RD-Congo», promettant par avance l’engagement «de leurs gouvernements respectifs à accompagner» le Congo-Kinshasa.
Coopération trilatérale
Par rapport au renforcement de la coopération trilatérale, ils «ont salué l’excellence de leurs relations et ont réaffirmé leur volonté commune de renforcer les liens de coopération, d’amitié, de fraternité et de bon voisinage qui unissent leurs pays et peuples respectifs», de même qu’ils «ont réitéré leur attachement aux principes-clés de la Charte des Nations Unies, de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine et du Pacte sur la paix, la sécurité et le développement dans la Région des Grands Lacs, notamment la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats, l’interdiction de servir de base pour déstabiliser les Etats ainsi que le respect de la souveraineté nationale».
Les Présidents Joseph Kabila et Joao Lourenço ont, à leur tour, félicité leur homologue du Congo-Brazzaville «pour ses efforts dans la consolidation du dialogue national en Lybie et la sortie de crise dans ce pays» avant d’exprimer «leur détermination à accompagner toute démarche tendant à restaurer la dignité des migrants et la stabilité en Lybie».
Se félicitant en plus des conclusions de la 30ème Session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine tenue à Addis-Abeba les 28 et 29 janvier 2018 sur le thème «Gagner la bataille contre la corruption: une option durable pour la transformation de l’Afrique», session ayant «permis la prise des décisions pertinentes sur la réforme institutionnelle de l’Union Africaine, les questions de paix, de sécurité et de développement sur l’ensemble du continent». Ils se sont finalement réjouis du climat de fraternité et de parfaite compréhension qui a caractérisé leurs entretiens à Kinshasa.
Le prochain rendez-vous est fixé au mois d’avril 2018 à Luanda «en vue de poursuivre leurs consultations sur les questions d’intérêts commun». La date précise sera fixée par voie diplomatique.

Omer NSONGO DIE LEMA/CP

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