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John Tshibangu arrêté en Tanzanie avant l’expiration de son ultimatum à Kabila

Derrière son physique de Rambo, le colonel déserteur des FARDC autoproclamé lieutenant général, qui a récemment donné un ultimatum de 45 jours au Président Kabila pour quitter le pouvoir, n’était peut-être pas le chef rebelle le plus malin. John Tshibangu a été cueilli comme un banal civil, lundi soir en Tanzanie, sous une identité étrangère, a appris AfricaNews de sources concordantes.
«Le général John Tshibangu a été arrêté hier soir -19h GMT- à son arrivée à Dar-es-Salam», a déclaré dans les médias le secrétaire général de la Fédération internationale des droits de l’homme -FIDH- Paul Nsapu, contacté par les avocats de Tshibangu pour «empêcher son extradition» en République Démocratique du Congo.
Selon le site aa.com.tr de l’Agence Anadolu, l’arrestation de cet officier, ancien commandant de l’armée dans la région du Kasaï recherché par la justice nationale pour insurrection, «a été confirmée par un chef de renseignements militaires congolais qui a reconnu que son extradition à Kinshasa impliquerait plusieurs chefs d’Etats».
Citant le même chef de renseignements militaires, l’Agence Anadolu a rapporté mardi que le lieutenant général John Tshibangu est détenteur d’un passeport zambien et a été arrêté alors qu’il revenait du Kenya. «Il a été remis à la Police tanzanienne mardi matin», à en croire Paul Nsapu dont les affirmations ont coïncidé avec la circulation, sur les réseaux sociaux, d’une copie du présumé passeport centrafricain de John Tshibangu, chef rebelle à la tête du Front du peuple congolais pour le changement et la démocratie -FPCD-, un mouvement rebelle dont le quartier général n’est pas connu mais qui compterait, selon son propre chef, plus de 5.000 combattants.
Deux proches collaborateurs interpellés à Bangui
Les services tanzaniens auraient peut-être été mis sur la piste de John Tshibangu, quand les renseignements centrafricains ont arrêté, en juin 2017 à Bangui, pour recrutement des mercenaires et tentative de déstabilisation de la République Centrafricaine et de la République Démocratique du Congo, deux proches collaborateurs du lieutenant général, le colonel Freddy Libeba, l’adjoint du général Tshibangu chargé des opérations, et Alexandre Mitshiabu, le directeur des renseignements du FPCD.Les autorités centrafricaines promettaient de donner plus d’informations une fois que l’instruction judiciaire aura abouti. «Je confirme que les deux hommes ont bien été arrêtés. Ils sont impliqués dans des activités de déstabilisation du régime en Centrafrique, mais aussi en RDC», avait déclaré à VOA Afrique le ministre centrafricain de la Sécurité et de l’Intérieur, Jean Serge Bokassa, refusant d’en dire plus annonçant cependant que d’autres acolytes de John Tshibangu, «nombreux» en Centrafrique, «pourraient être arrêtés».  Sur la même radio, John Tshibangu avait nié, déclarant que ses deux collaborateurs étaient en visite en famille à Bangui, mais disait craindre qu’ils soient exécutés si jamais les autorités centrafricaines les extradaient en République Démocratique du Congo.
Egalement saisie de cette arrestation, la FIDH de Paul Nsapu dénonçait  les conditions carcérales dans lesquelles étaient gardés les deux proches de Tshibangu et plaidait contre leur renvoi en République Démocratique du Congo.  «L’extradition de ces deux personnes en ce moment, avec un contexte aussi décrié par rapport à la situation sécuritaire ainsi qu’à un gouvernement qui veut absolument en découdre par des moyens anti-démocratiques avec ses adversaires, expose leur intégrité physique. Il y a beaucoup de risques d’exécution extrajudiciaire», affirmait le Secrétaire général de FIDH en charge de l’Afrique.
Evasion spectaculaire de Libeba et Mitshiabu
Coup de théâtre le 18 janvier 2018 à Bangui quand le colonel Freddy Libeba et Alexandre Mitshiabu ont réussi à s’évader du cachot du Camp de Roux à Bangui, pourtant réputé plus sûr que la prison de Ngaraba souvent qualifiée de «passoire». De source judiciaire centrafricaine, l’évasion de Freddy Libeba et Alexandre Mitshiabu a été nécessairement rendue possible grâce à des complicités. Selon une autre source approchée par RFI, proche de l’enquête, les deux hommes ont pu sortir de leur prison pour examen de santé, accompagnés par un médecin militaire et une escorte. Le médecin aurait renvoyé les gardes et les détenus se seraient fait la belle dans les circonstances encore à éclaircir.
Avec deux proches en cavale et d’autres traqués par les services secrets, John Tshibangu, lui-même présumé détenteur d’un passeport centrafricain, a peut-être compris que des informateurs ont dû livrer les fausses identités qu’il a toujours utilisées pour voyager incognito. Avec ses vrais faux papiers, il est sorti de sa tanière avant de passer -avec succès?- les contrôles aéroportuaires au Kenya mais il a été cueilli en douceur juste après l’atterrissage de son vol à Dar-es-Salam en Tanzanie.

YA KAKESA

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