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Interviews: Kamerhe et Muzito donnent les raisons d'une alliance PALU-MLC-UNC

Les réunions se succèdent ces derniers jours entre les ténors du PALU, du MLC et de l’UNC. Ces trois forces politiques, trois écuries paraissent tentées de se regrouper au sein d’un même Cartel en vue de gagner ensemble les élections du 23 décembre prochain. Cette possible alliance, dont Kamerhe a parlé à Félix Tshisekedi de l’UDPS mardi, fait déjà couler beaucoup d’encre tant elle paraît, dès son évocation, comme un pari fou, comportant des risques parfois qualifiés d’insurmontables: distance et choc des idéologies, d’une part, clivages géopolitiques et récentes sensibilités politiques d’autre part. Dans un environnement où les rapprochements font de
plus en plus rage mais où pourtant les initiatives des directions politiques et les
vraies motivations ne sont pas toujours bien comprises, bien vues ou bien digérées par les bases respectives, il est parfaitement légitime de soumettre la question aux acteurs directs, ceux engagés dans les tractations. «AfricaNews» a pu en savoir plus sur ce qui se cogite, se dit ou pourra se dire entre les responsables des formations politiques intéressées après avoir interviewé, mardi 13 mars, l’UNC Vital Kamerhe et le PALU Adolphe Muzito.
Réponses croisées et raisons d’une possible coalition.

 

Adolphe Muzito: «le MLC, l’UNC et le PALU traversent la République en partant de l’Est à l’Ouest»

Les contacts entre le PALU, le MLC et l’UNC avancent apparemment bien. Vous en êtes à quel niveau?
La Direction politique du PALU nous a chargés de consulter, dans le cadre de nos compétences en tant que Permanence du Pari, différentes forces et personnalités politiques en vue d’échanger de la situation politique de notre pays. Dans le cadre des tractations en cours, toutes les forces politiques prennent contacts les unes avec les autres. Le PALU l’a fait avec MLC
d’abord. Avec cette formation politique, nous avons parlé de l’évolution du processus électoral en ce qui concerne la nécessité du respect impérieux du calendrier électoral par la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, du principe des élections libres et transparentes et de la problématique de la machine à voter. Nous avons également échangé sur les problèmes sécuritaires à l’Est du pays, la hauteur de la caution électorale fixée par la Loi électorale du 24 décembre 2017 en corrélation avec la Loi du 10 juin 2008 sur le financement public des partis politiques. Nous en avons profité pour examiner la possibilité de gagner ensemble les élections à venir. Après plusieurs échanges téléphoniques, le PALU a rencontré les responsables de l’UNC pour des échanges et nous comptons continuer avec nos discussions.
Quels sont les atouts ou les forces d’un tel Cartel entre vos trois forces?
Le MLC, l’UNC et le PALU traversent la République en partant de l’Est à l’Ouest. Il y a certes des différences du point de vue idéologique, notamment du fait que le MLC est d’obédience libérale, le PALU est un parti socialiste et l’UNC socio-démocrate. Nous pouvons faire de nos différences et de nos divers réseaux une force commune en tablant sur un programme pragmatique, qui tienne compte des attentes de la population tant il est vrai qu’il y a une espèce de complémentarité. En réalité, les urgences existentielles transcendent les clivages. Le socialisme et le libéralisme dans notre pays sont en conflit. Chacun des partis peut continuer à consolider son idéologie en même temps qu’il peut faire le compromis avec les partenaires du camp idéologique adverse. Cette situation nous est imposée par la difficulté de chacun de nous
de gagner seul. C’est le cas de la Gauche et de la Droite allemandes qui gouvernent ensemble. C’est aussi le cas avec la France où Macron fédère les deux tendances avec un programme qui synthétise les deux courants et le peuple français a avalisé. En 2006, le peuple a voté suivant un clivage non pas idéologique Gauche-Droite mais géopolitique Est-Ouest. Ce dernier clivage reste encore dans nos mentalités. Il y avait le MLC et le PALU à l’Ouest et le PPRD à l’Est. Le PALU avait cru bon de contribuer à réduire ce fossé et avait clairement expliqué au MLC le bienfondé de cette démarche. Nous pensons aujourd’hui qu’un tel Cartel offrirait l’opportunité de la
consolidation de l’Ouest avec une ouverture à l’Est et c’est le pays qui gagnerait.
Comptez-vous sur d’autres ralliements?
Le PALU a toujours été ouvert. Il a aussi de l’expérience à offrir. Nous avons déjà travaillé avec d’autres forces ou partenaires en 1960 alors que les Lumumbistes avaient la majorité nécessaire pour gouverner seuls, puis en 2006 et 2011 pour préserver l’unité du pays. Si le contexte
politique et le peuple nous contraignent à une telle exigence, je ne vois pas pourquoi Gizenga et notre base refuseraient.
Sur quelles forces miseriezvous pour espérer engranger des voix au Centre du pays?
A priori, on ne peut pas dire qu’on va miser sur telle ou telle force. On est aujourd’hui face à une évidence: le pays a besoin d’un changement. Ce n’est pas forcément un changement de visages mais de politique. Les éventuels partenaires devraient tenir compte de cela comme fondement à toute alliance.
Qui sera votre candidat commun à la Présidentielle?
Tout ça fait et fera partie de nos discussions. On tiendra compte des clivages évoqués tantôt et du fait que la République Démocratique du Congo et son peuple ont besoin de l’unité. Mais, il est à noter que depuis 2011, le PALU a déjà annoncé à la face du monde qu’il aura des candidats à tous les échelons, y compris à la magistrature suprême.
Comment va se présenter la suite?
Toutes ces discussions seront accompagnées et sanctionnées par les organes
et les bases de nos partis respectifs.

Vital Kamerhe: «la plateforme UNC-PALU-MLC est la confIguration idéale de la géopolitique nationale»

Les contacts entre le MLC, le PALU et le MLC avancent apparemment bien. Vous en êtes à quel niveau?
Oui, les tractations vont bien, aussi bien avec le MLC et le PALU voire avec d’autres forces politiques dont l’UDPS engagées dans la voie de l’alternance. Nous sommes conscients qu’en étant ensemble et unis, nous allons offrir l’alternance attendue par la population congolaise. Dans tout ce que nous faisons, nous restons ouverts à la grande unité de l’Opposition qui promet l’alternance avec un programme et une vision qui puisse donner à la RDC sa place de locomotive en Afrique subsaharienne.
Quels sont les atouts et les forces d’un tel Cartel entre vos trois forces?
Quand on regarde la géopolitique congolaise, on se rend compte que ce sont toutes les provinces qui se retrouvent à travers le front commun en gestation. C’est l’attelage qui va donner les résultats à la magistrature suprême, la majorité parlementaire et les assemblées provinciales. C’est aussi la grande parade contre la fraude. En fait, il s’agit du modèle de 1960 corrigé avec Lumumba et Kashamura à l’Est, Gizenga et Kamitatu dans le Bandundu, Bolikango et Ileo à l’Equateur et Kasavubu au Bas-Congo et Léopoldville. Toute proportion gardée, quand on retrouve dans une plateforme les personnalités comme JP Bemba, 43% des
suffrages en 2006, Antoine Gizenga, 3ème en 2006, UDPS, 2ème en 2011 et Vital Kamerhe 3ème en 2011, il y a lieu de penser que la majorité de l’électorat congolais est représentée. La plateforme UNC-PALU-MLC est la configuration idéale de la géopolitique nationale.

Comptez-vous sur d’autres ralliements?
J’ai reçu la visite de courtoisie du président Félix Antoine Tshisekedi. Je l’ai informé de l’actualité de l’heure et, ensemble, nous avons compris que l’heure est à l’alignement derrière des
objectifs communs.
Qui sera votre candidat à la Présidentielle?
Chaque chose a son temps. Le moment venu, nous dévoilerons. Nous nous sommes mis d’accord sur le principe d’une candidature commune qui sera le fruit du consensus. Il va de soi que les uns et les autres feront des concessions mutuelles pour arriver à un casting pour gouverner ensemble à tous les niveaux. Pour l’instant, c’est la mutualisation des efforts à la fois pour le coût financier et pour avoir des témoins partout et éviter les erreurs de 2011.
Comment va se présenter la suite?
La prochaine étape est la formalisation de la plateforme au regard des contraintes
fixées par le ministère de l’Intérieur.

Propos recueillis par AKM

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