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Gizenga destitue Muzito

Une décision signée par Antoine Gizenga, son propre mentor, destitue un militant-cadre qui a gravi tous les échelons du parti jusqu’à occuper le poste de Premier ministre. A l’analyse, les dernières sorties de l’ancien chef du gouvernement dans la presse ont dérangé… jusque dans son propre formation politique, où les intérêts partisans semblent désormais primer sur les libertés d’opinion et d’expression garanties par la Constitution et pour lesquelles la lutte a été déclenchée depuis 1964
C’est un tremblent de terre. Adolphe Muzito, le cadre le plus emblématique du PALU après le chef historique, Antoine Gizenga, est destitué du parti et interdit de briguer un poste du PALU pour une période d’un mandat. Dans le jargon du parti gizengiste, un mandat a une durée de trois ans. La décision, signée le 12 août par le secrétaire général, chef du parti Antoine Gizenga, a été publiée le 13 août. Gizenga affirme l’avoir prise pour fautes graves, «qui portent préjudices au parti, à ses idéaux, à ses stratégies, à l’union et à la cohésion en son sein».
Saisi par un rapport de la Conseil de discipline et de jurisprudence du PALU, notamment un procès-verbal où il est reproché à Muzito d’inviter le parti et les cadres du parti à le suivre; de chercher pour le PALU des alliés dans les partis dits mosaïques, de faire des déclarations dans les tribunes publiées dans la presse au sujet du fonctionnement de la République au mépris de la discipline du parti, d’avoir créé le muzitisme, une doctrine inconnue au PALU, de garder le mutisme sur la question du muzitisme et d’avoir accumulé plus ou moins 36 mois d’arriérés de cotisation.
On a beau chercher les poux sur la tête de Muzito, lui chercher noise pour avoir osé émettre des critiques sur la marche de la République commune, la décision est boiteuse, à en croire des observateurs, convaincus que l’ancien Premier ministre est victime de son indépendance d’esprit et de ses tribunes. «Les tribunes de Muzito ont dérangé et dérangent… jusque dans son propre parti, où les intérêts partisans semblent désormais primer sur les libertés pour lesquelles Gizenga s’est battu des années durant», commente un député.
C’est le droit de Muzito de réfléchir à haute voix… pour l’intérêt du pays, de la Majorité dont il est l’un des députés et de son Autorité morale, assène, pour sa part, un militant de la base du PALU. Un autre affirme que Muzito n’est pas dans la fronde ni dans la protestation contre le gouvernement et ses animateurs. «Ses interventions sont destinées à corriger ce que lui-même n’a pas pu faire comme Premier ministre et chercher à contribuer à la réussite du gouvernement de la Majorité à laquelle il appartient.
«Faire part de son approche ou de ses remarques aux autorités gouvernementales ne peut ni ne doit être considéré comme une offense. Dire entre autres que le pays sous-endetté doit choisir entre demeurer sans dette dans la pauvreté et s’endetter pour se reconstruire et créer les conditions de son développement n’a rien d’outrageant ni de manque de solidarité», se défend ce militant gizengiste, revendiquant 40 ans de lutte. 
Un autre encore prend la défense du camarade Muzito en ces termes: «Notre député n’a jamais engagé le parti dans ses tribunes. Et nous savons tous que le parti ne veut par qu’il puisse l’engager. Personne au parti ne peut démontrer que Muzito a engagé le PALU dans ses réflexions parce qu’il a toujours assumé ce qu’il fait en le signant de son propre nom. Même si Muzito arrête de critiquer objectivement la marche du pays aujourd’hui en difficulté, un autre le fera demain. C’est inévitable».
Ces points de vue de quelques militants de base du PALU tranchent avec la décision de Gizenga et les jugements des membres du Conseil de discipline, prié d’évoquer quelle disposition des statuts du parti interdisent de faire des tribunes. Sanctionner un cadre du parti pour ses opinions… ses tribunes, c’est révoltant. Les tribunes, c’est la tasse de thé des hommes politiques dans les grandes démocraties qui inspirent les nôtres.
Leurs opinions publiques se nourrissent de ces tribunes et les débats politiques s’en trouvent alimentés. Si le PALU n’a jamais compris ça, c’est un gâchis! C’est l’intolérance. C’est la crise. Suscitée par la divergence d’intérêts. Entre un groupe décidé de faire la promotion de l’esprit républicain. Et un autre, prompt à défendre les intérêts partisans. Pareille crise est susceptible de déboucher sur une bataille dont le vainqueur sera celui qui aura la base avec lui.
AKM

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