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Les dossiers sales de Jean-Lucien Bussa

Un gros caïman domine le marigot sablonneux de l’OCC. Il s’agit de Jean-Lucien Bussa Tongba, ministre d’Etat, ministre du Commerce extérieur. L’esclandre a éclaté depuis le vendredi 02 février 2018 à l’occasion d’une singulière cérémonie d’échange des vœux au cours de laquelle, innocente et médusée, l’assistance a suivi des déclarations trahissant la profondeur du malaise qui étreint cet office.  
Dans un mot de circonstance sulfureux à l’encontre du Directeur général, le délégué syndical principal, Joviens Mbende Mabwaka, prend délibérément à témoin le ministre d’Etat, ministre du Commerce extérieur qui aurait autorisé et appuyé la Direction générale pour «recouvrer les recettes sur les prestations pétrolières».
Malheureusement, selon ce représentant du personnel, depuis plus d’une année, l’incompétence de Directeur général Célestin Risasi Tabu, en dehors de «ressasser à la longueur des journées l’amélioration de la bonne gouvernance en rapport aux précédentes gestions, prive les travailleurs du produit de leur dur labeur par l’accumulation injustifiée de plus de cinq mois d’arriérés de salaires, la liquéfaction de la quasi-totalité des avantages sociaux, un important encours des décomptes finals, une mise en place aux contours népotistes et clientélistes, des fonctions et grades sélectivement accordés à des proches sans tenir compte des critères conventionnels objectifs, ni du Protocole d’accord sur la corrélation grades-fonctions conclu en 2009, la distribution automatique et disproportionnée des sanctions disciplinaires aux allures de règlement des comptes…». Bref, le Directeur général est accusé de sacrifier la «méritocratie en faveur d’une médiocrité caractérisée par l’injustice sociale, le clientélisme et le tribalisme».
Pour Joviens Mbende Mabwaka, le cynisme du Directeur général Risasi Tabu atteint son paroxysme avec l’organisation de cette cérémonie de jouissance inopportune «pendant que la souffrance bat son plein et a atteint un niveau inacceptable». L’estocade est si bien administrée dans la corrida lorsque le représentant du personnel martèle que «la délégation syndicale refuse d’être complice ou de soutenir un Directeur général qui marche ou qui marchera sur les intérêts des travailleurs et de l’Office congolais de contrôle».
Les échos de ce malaise ambiant à l’Office congolais de contrôle, à travers des tirs croisés contradictoires dans une campagne médiatique foncièrement désobligeante, ne pouvait que pousser les fins limiers à cerner l’iceberg dans sa profondeur et arriver à découvrir les dossiers sales de JLB.
A en croire une opinion persistante des agents et cadres de l’OCC, le ministre d’Etat tiendrait mordicus à faire une main basse systématique sur cet établissement public qu’il considère comme une véritable manne que la mangeoire politicienne lui a offerte. L’autorité de tutelle alimenterait des digressions perfides sur les mises en place sur fond de trafic d’influence et monnayage des postes. Une source crédible, un cadre de direction ayant requis l’anonymat, déplore que le cabinet du ministre d’Etat soit devenu un «entonnoir-déversoir des pots de vins» de certains cadres de l’OCC pour leur positionnement dans la mise en place. Il semblerait qu’un haut cadre de la direction financière de cet établissement public aurait déboursé 200.000 USD pour graisser les pattes à des administrateurs par le biais du cabinet du ministre d’Etat afin qu’il soit maintenu en poste.
Le scandale de l’ordre de mission n°016 du 7 février 2018
Dans une stratégie de la rapine, Jean-Lucien Bussa imposerait insidieusement des commissions de travail et missions de service de complaisance, même sur des matières ne relevant pas de la compétence du ministère, instrumentaliserait certains cadres et syndicalistes opportunistes. Outre des dollars indument perçus d’une société importante basée à Kwilu-Ngongo, le ministre d’Etat serait ainsi tombé trop bas en improvisant intempestivement des missions et visites dans certaines agences et directions de l’OCC assorties des frais de collation maquillés sans commune mesure avec la situation déplorable de cet office.
Par ailleurs, confie la même source, Jean-Lucien Bussa ne s’offusque pas d’ordonner une curieuse mission d’enquête –Ordre de Mission collectif N°016.CAB/MINETAT-COMEXT/2018 du 07 février 2018– sur un cas des agents licenciés pour fautes lourdes de corruption et sortie frauduleuse de bois à la frontière de Kasumbalesa, dans le Haut-Katanga. Une source de la Direction administrative indique que ces agents ont été incriminés pour des pratiques illicites et prohibées par les textes et instructions de service en vigueur au sein de l’office et leurs dossiers clôturés en strict respect des dispositions légales et conventionnelles régissant l’office en matière disciplinaire dans le but de mettre un terme à l’impunité devenue légendaire. La composition et la durée de cette mission de délectation ordonnée par le ministre d’Etat, décidée à l’insu de la Direction générale et du Conseil d’administration, démontrent à suffisance la complaisance ainsi que la flagrance d’abus de pouvoir avec lesquelles Bussa tirerait singulièrement sa vénalité. Dans les Directions administrative et de l’Audit de l’OCC, des responsables ne s’empêchent pas de se demander pourquoi deux conseillers du ministre, deux délégués syndicaux frondeurs et proches des incriminés, et même un membre du Conseil d’administration pour une mission qui s’avère inopportune alors qu’en cas de recours, le Directeur général pouvait facilement instituer une commission ad hoc appropriée. Au fait, quel serait le coût de cette mission de jouissance de quinze -15- jours en faveur de sept -07- personnes sur la trésorerie encore chancelante de l’office dont parmi les bénéficiaires, on trouve des tonitruants et complaisants délégués syndicaux?
Affectations complaisantes  
Aussi, convient-il de parler de la mise en place aux contours népotistes et clientélistes sans l’implication des membres du Conseil d’administration et particulièrement de son président? Au fait, des délégués syndicaux promus chefs de Département et de Division ne l’ont-ils pas été sur insistance clientéliste de certains membres du Conseil d’administration bien identifiés? Un délégué syndical du SATOCC souligne que «si en réalité, il y a eu des affectations complaisantes sur fond d’un trafic d’influence irréfutable, il s’agirait notamment de celles de certains délégués syndicaux, en l’occurrence des camarades Basile Masua, Shora Shemati, Emmanuel Mukumayi Foshi, Abbé Mafuta et Joviens Mbende Mabwaka. Un membre de ce groupe, ayant suivi des cours d’informatique dans un centre de formation, a été engagé en qualité d’encodeur, au grade de Maîtrise 1 -Agent qualifié suivant la Convention collective de l’OCC. Sans cursus approprié ni  qualification-minimum requise, il a été affecté au Département de Marketing grâce à des accointances tribales avec l’autorité de l’époque. En dépit de cette nomination farfelue, ce préposé, se réfugiant derrière la qualité de délégué syndical, n’a jamais travaillé dans ce département depuis plus d’une dizaine d’années. En vertu de la récente mise en place décriée par lui-même, il quitte la fonction d’encodeur pour celle de Chef de division adjoint en Aval-pétrolier dans un département aussi sensible et spécialisé que celui de Contrôle des hydrocarbures avec élévation au grade de Fondé de Pouvoir principal… Ce protégé conjoncturel du ministre d’Etat a ainsi escaladé indûment, depuis son engagement, huit -08- grades sans aucune considération ni sur la classification des emplois, ni sur le fameux accord sur la corrélation grades-fonctions conclu en 2009. Mais par une impudeur téméraire, il fait partie de ceux qui osent parler d’absence de méritocratie par l’affectation des personnes qu’il faut à la place qu’il faut».  En somme, que vise-t-on réellement à travers autant d’intrigues, coups bas, manipulations et instrumentalisation? De l’avis de plusieurs cadres et agents de l’OCC, l’objectif visé serait d’obtenir, à tout prix, la suspension et la révocation du Directeur général en fonction, à l’instar des antécédents vécus avec Monsieur Hassan Yengula et Madame Bernadette Muhongo.  Au fait, le véritable dindon de la farce semble être celui-là même que l’on qualifie de «fils-maison». Lorsque le Chef de l’Etat l’a nommé comme Directeur général pendant que l’OCC était plongé dans une situation désastreuse provoquée et entretenue par ses prédécesseurs,  tout le personnel de l’OCC avait nourri l’espoir d’un redressement en profondeur de cet office.  Dans son discours à cette occasion de la présentation des vœux de nouvel an 2018, le Directeur général a mis en exergue des efforts remarquables déployés ainsi que leurs résultats palpables sur les plans de l’exploitation, de l’administration, des finances et de la logistique suivant les orientations du Conseil d’administration se focalisant sur le redressement de l’office en profondeur.
L’évaluation du DG écornée par le syndicaliste protégé du ministre 
Sur le plan de l’exploitation, l’OCC se félicite notamment de l’intégration du paiement des produits pétroliers ainsi que des frais de leur analyse au guichet unique susceptible de défavoriser la fraude. Il en est de même du parachèvement des laboratoires abandonnés ainsi que de l’accréditation de l’inspection du bois à Maluku. Sur le plan administratif, le Directeur général indique que le Conseil d’administration a justifié le réaménagement technique et graduel opéré dans le souci d’améliorer la qualité des prestations et la production de l’office. Le Directeur général a également réaffirmé son engagement de poursuivre, sans failles, l’exécution du protocole d’accord signé entre l’employeur et la partie syndicale fixant les modalités pratiques de paiement des arriérés des salaires des agents actifs et non actifs. En ce qui concerne les finances, il a été relevé entre autres, la révisitation et la résiliation de plusieurs contrats qui plombaient la trésorerie de l’office, le paiement de plusieurs dettes qui mettaient l’office en situation précaire vis-à-vis des créanciers, la poursuite du paiement des arriérés des salaires de 2016 par catégorie comme convenu dans le Protocole d’accord précité dont la première catégorie des échelonnés est déjà apurée à travers toute la République. Quant à la logistique, Célestin Risasi Tabu a évoqué l’acquisition de l’outil de travail et la modernisation des infrastructures afin de répondre aux exigences de la «Révolution de la modernité» prônée par le Chef de l’Etat. Cependant, un invité d’honneur à la cérémonie de ce 02 février 2018, qui a salué la justesse de ce regard rétrospectif sur la marche de l’office et l’ouverture des perspectives pour l’avenir, regrette que le discours du Directeur général ait essuyé l’outrage d’une diatribe cinglante de la délégation syndicale via la bouche du protégé du ministre Bussa. A n’en point douter, le mot de circonstance du représentant du personnel a écorné l’image de l’office et rabaissé l’évaluation faite par le Directeur général au niveau d’une simple autosatisfaction béate. Et pourtant, il y a des faits palpables «sous le signe d’une performance absolue». Dans tous les cas, l’enquête se poursuit sur tous ces griefs de népotisme, tribalisme et clientélisme qui, selon les dénonciateurs, plombent le redressement de l’OCC et l’accomplissement de sa mission régalienne. Détails dans les prochaines livraisons.

Tino MABADA

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