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Discours et postures versatiles du Zaïrois Kamerhe

Souvent, les gens ont tendance à regarder la paille qui est dans l’œil de leur voisin au lieu de regarder la poutre qui est dans le leur. Véritable vice de voir le mal seulement chez autrui. Vital Kamerhe, président de l’Union pour la nation congolaise -UNC-, est un versatile. Après avoir encensé Joseph Kabila en mars 2006, en lui consacrant un livre «Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila», il veut le détruire aujourd’hui tout simplement parce que Kabila, à plusieurs reprises, ne lui a pas nommé au poste de Premier ministre. Au cours d’un point de presse animé samedi 27 janvier, en réponse à celui du président Kabila donné à la veille, l’ancien président de l’Assemblée nationale et ancien secrétaire général du PPRD voit en Kabila un dictateur, un assoiffé du pouvoir et un tueur de la population RD-congolaise via la police. Des mots qui contredisent son témoignage livresque. La politique, c’est la cohérence. Pourquoi Kamerhe est-il si incohérent? Les propos tenus dans son livre et ceux livrés dans son point de presse, à savoir les 10 contrevérités de Kabila étalent à la limite de l’acharnement. Comment un Kabila peint dans le livre comme une opportunité pour la RD-Congo est-il devenu aujourd’hui un dictateur? La question est ouverte.

En mars 2006, Vital Kamerhe, secrétaire général du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD- publie un ouvrage choc: «Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila». Nous sommes en pleine transition avec la fameuse et monstrueuse formule 1+4. Le baptême du livre est confié au Pr. Tryphon Kin-Kiey Mulumba, ministre de l’Information du dernier gouvernement Mobutu dirigé par le général Lukulia. Kin-kiey est aussi ce porte-parole du Rassemblement congolais pour la démocratie -RCD-, l’un des mouvements rebelles qui ont contraint Kabila à négocier en Afrique du Sud, plus précisément à Sun City.
Le 10 mars 2006, le livre est porté sur les fonds baptismaux à l’hôtel Invest à Kinshasa Lingwala. Le contenu de cet ouvrage est un plaidoyer sur la congolité, la bravoure, la bonté et l’opportunité de Joseph Kabila que Kamerhe présente comme un don béni pour la RD-Congo. L’œuvre st publiée aux Imprimeries Congo New Media.
«J’ai découvert que Joseph Kabila Kabange, humain comme vous et moi, possède une qualité essentielle: le sens du devoir, l’oubli de soi, la patience, l’humilité, l’abnégation et la sagesse face aux épreuves que la vie lui impose. C’est pour cela que je le considère comme une des meilleures opportunités qui est donnée au pays d’expérimenter», peut-on lire dans ce livre.
Les impressions de tous sont que Vital Kamerhe a écrit son ouvrage pour rendre témoignage sur les mérites du président de la République dont il est l’un des plus proches collaborateurs. Il y révèle un Joseph Kabila manifestement mal connu du public  et se charge du devoir de le faire découvrir, pour démentir le mauvais visage que la rumeur fait courir sur le jeune chef d’Etat RD-congolais.  Sur les origines de Kabila, le témoignage de Kin-Kiey, qui baptise le livre, est poignant. «Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila» règle certains débats -récurrents?- dont de filiation et de scolarité. Le Président est bien le fils de son père et de Mama Sifa Mahanya. Né le 04 juin 1971 à Fizi. Page 146. Faisons une halte sur sa scolarité. Non seulement le Président a fait le primaire à Fizi, lieu où il est né et l’a terminé à l’École française de Dar-Es-Salaam, mais il y a fait son lycée et y a obtenu son diplôme d’État, du moins ce qui a cours là-bas et qui n’est pas moins important – que le nôtre – que le premier dans la salle qui prétendrait le contraire lève le doigt.
Et Kin-Kiey  poursuit: «J’arrive à la fin. J’ai lu dans le livre de Vital que le Président est un «homme très réservé et plein d’humilité», qu’il détestait cordialement tout culte de la personnalité. Il refuse je dirais religieusement toute flagornerie, toute manifestation bruyante d’enthousiasme. Tant mieux. Alors que ses proches l’y appellent vivement, et que les militants l’y attendent, il refuse de commémorer ses cinq ans à la tête du pays, le 26 janvier dernier. J’aime cette phrase tellement belle – comme il y en a – dans «Pourquoi j’ai choisi Joseph Kabila»: «Sa modestie désormais légendaire ne correspond pas à une culture de gabegies et du faste». À voir les images à la télé, c’est tellement vrai».
L’homme des revirements
Mais, le 27 janvier 2018,  Kamerhe décrit un autre Kabila, qu’il peint désormais comme un mauvais chef qui n’a aucun souci pour la population et qui s’accroche au pouvoir. -lire l’intégralité du point de presse ci-dessous.
Selon les observateurs, Kamerhe se sent frustré voir ignoré par Kabila qu’il a tant vanté. «Après avoir occupé des postes au sein du gouvernement, Vital ambitionnait d’être Premier ministre. Le contexte politique de 2006 ne l’a pas permis. Avec un Kabila président de la République et un Gizenga Premier ministre, Kamerhe ne pouvait que se contenter d’être Président de l’Assemblée nationale», confie un proche.
La frustration accentuée par son départ forcé du perchoir en 2009 s’est davantage renforcée en 2016 quand Kamerhe a cru enfin prendre le chemin de la Primature. Il était alors parti plein d’idées au dialogue de la Cité de l’Union Africaine avec la ferme détermination de succéder à Matata Ponyo. Dix ans venaient de s’écouler après la publication du livre consacré à Joseph Kabila, redevenu le chouchou. Lors d’une audience au Palais de la Nation, le monde entier a pu constater les courbettes dont Kabila a eu droit de la part de son ancien SG. C’était l’époque où les manifestants anti-Kabila du Rassemblement de l’Opposition étaient des drogués aux yeux de Kamerhe… A l’arrivée, ce fut une grosse désillusion. Ce fut Samy Badibanga.
Ce 27 janvier 2018, Kamerhe, l’auteur de «Pourquoi j’ai choisi Kabila»,  pose une question étonnante: «Où était Kabila lorsque nous étions des Zaïrois?».
Réponse de Théodore Mugalu, chef de la Maison civile du Chef de l’Etat: «Joseph Kabila se trouvait là se trouvait son père, Laurent Désiré Kabila, dans le maquis de Hewa Bora, l’unique portion du territoire national jamais zaïrianisée». Au-delà,  qu’est-ce que Kamerhe veut-il insinuer? Ose-t-il relancer le débat sur les origines? Si tel est le cas, l’homme des revirements a choisi de se remettre à noircir Kabila pour son propre repositionnement politique. On croit changer impunément discours et postures.
Il se pose un problème de versatilité et cela frise un comportement à la limite de l’immoralité qui induit à se poser une question malsonnante: celle de savoir si il est vraiment licite de mettre en équation morale et homme politique… RD-congolais.

Tino MABADA  

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