ActualitésDossier à la UnePolitique

Consensus autour de la machine à voter: Badibanga préconise le recours au Blockchain

Face au blocage qui profile à l’horizon entre la Commission électorale nationale indépendante -CENI-, soutenue par le Front commun pour le Congo -FCC- d’une part, et, de l’autre, l’Opposition, à propos de la machine à voter, encore une fois l’ancien Premier ministre Samy Badibanga reste fidèle à son principe, à savoir l’Opposition ne conteste pas seulement par volonté d’obstruction, mais elle sait, elle doit aussi proposer une solution alternative. Cette fois-ci, il fait une proposition susceptible de créer un consensus entre tous les camps en présence: la technologie «Blockchain», qui a le mérite de rendre le processus électoral nettement transparent et impossible à truquer. Le mérite de cette proposition est qu’il s’appliquerait aussi bien dans l’hypothèse où la CENI utilisait les machines à voter, en crédibilisant tout le processus, que dans celle où elle emploierait les bulletins en papier. Car, explique-t-il, même si l’élection a lieu avec des bulletins en papier, le problème se poserait toujours dans la transmission des données et le serveur central. Samy Badibanga plaide ainsi pour rendre tout ce processus transparent.
 

Machine à voter et fichier électoral: pourquoi la Blockchain peut faire consensus

Après deux ans d’attente, à 55 jours de l’échéance, le doute plane et la défiance s’installe quant à la crédibilité du processus électoral. Au cœur de la crise de confiance, il y a la machine à voter, voulue par la CENI, sans réel consensus politique, ainsi que le fichier électoral qui contient 6 à 10 millions d’électeurs sans empreintes. Ce défaut de consensus, devenu désaccord, risque de se transformer en crise politique. L’enjeu profond est celui de notre souveraineté. C’est l’intégrité du choix d’avenir fait par le peuple, détenteur de la souveraineté nationale, qui est en question. Mais en réalité, le problème n’est pas seulement la machine à voter, mais aussi et surtout la transmission des données et le serveur central. Pour sortir de l’ornière, les Progressistes, en tant que force de l’Opposition, formulent une proposition qui pourrait faire consensus. A la technologie de la machine à voter, il s’agit d’ajouter la technologie Blockchain décentralisée et cryptée.
Par définition, le terme Blockchain, «chaîne de blocs» en français, est présenté comme la 3ème nouvelle «grande technologie» et désigne une base de données qui se charge de  gérer une liste d’enregistrements certifiée et protégée contre la falsification ou la modification par les nœuds de stockage. La technologie de Blockchain est d’une grande importance pour ne pas dire une grande innovation.
Cette dernière technologie peut, dans toutes les configurations électroniques et semi-électroniques envisagées, apporter la transparence et la confiance qui manquent aujourd’hui. En effet, la Blockchain permet de multiplier les points de confiance, en enregistrant les votes dans un système de multiples serveurs décentralisés, consultables, traçables, identifiables et vérifiables à tout moment. Qui plus est, la technologie Blockchain a déjà été testée avec succès dans d’autres pays, comme lors des dernières élections au Sierra Leone. Ce n’est plus aux seules structures informatiques centralisées de la CENI, facilement piratables, qu’il faudrait faire une confiance aveugle, mais à plusieurs serveurs externes et identifiables dont les actions sont vérifiables à tout moment. Avec la Blockchain intégrée, il ne s’agit pas d’une boîte noire mais d’un système public, transparent et accessible à tous. De plus, dans l’option Blockchain, la CENI pourra avoir accès à tous les serveurs à la fois, surveiller leur fonctionnement et pourra aussi être équipée d’un ou plusieurs serveurs dans ses bureaux. Le processus électoral est aujourd’hui entouré d’incertitudes et de défauts. Il y a au départ une incertitude quant à la légalité de la machine à voter. Une autre quant à l’arrivée effective sur le territoire de toutes les machines à voter. Ajoutons à cela leur défaut de certification. Et il y a une absence totale de consensus politique sur la machine à voter, vu comme une boite noire dont les résultats sont invérifiables. Indiquons aussi les millions d’électeurs enrôlés en doublon ou sans empreinte, comme un potentiel de votes fictifs qui peuvent faire basculer le résultat sans laisser de trace.
Le résultat est une défiance totale dans la population, seul détenteur de la souveraineté nationale, qui attend des élections libres et transparentes suite à un débat de projet politique afin de faire le choix qui doit déterminer l’avenir de la Nation. Le cœur du problème, c’est la confiance dans la crédibilité du processus électoral, en particulier l’intégrité du vote et des résultats. A moins de 30 jours du début de la campagne électorale, la confiance pose problème. Pourquoi? Parce que presque rien ne garantit l’authentification des votants, ni que les votes des RD-Congolais et les résultats transmis à la CENI ne pourront pas être falsifiés ou transformés en cours de transmission ou d’opération.
L’enjeu est par conséquent de construire des éléments de confiance. Et c’est là que la technologie Blockchain apparait comme une solution pour crédibiliser le vote et les résultats. Pourquoi? D’abord, la technologie Blockchain est facilement et rapidement intégrable et compatible avec la machine à voter, le comptage manuel et la transmission électronique des résultats. Et elle permet d’enregistrer chaque électeur authentifié qui viendra voter, et d’enregistrer les résultats sur des milliers de serveurs à partir du comptage manuel dans le bureau de vote.
En effet, la CENI semble avoir décidé de procéder au comptage manuel des résultats, avec transmission électronique des résultats. On se demande au passage comment des machines de vote électronique à plus de 150 millions de dollars seraient finalement utilisées comme de simples imprimantes. Reste que les points importants consistent à authentifier les électeurs votants, et à rendre vérifiables les résultats de chaque bureau de vote de leur comptage et proclamation à leur transmission, réception et consolidation.
En l’état, les machines à voter et le système de transmission des résultats fonctionnent sur un serveur central relié à une infrastructure centralisée. Les électeurs, les candidats et les partis politiques, doivent ainsi faire une confiance totale à la CENI et au fournisseur coréen dans ses intentions et ses normes, ainsi que dans sa capacité à protéger l’infrastructure contre les intrusions et attaques malveillantes. A l’inverse, l’option Blockchain est décentralisée et permet d’une part d’authentifier et d’enregistrer les électeurs votants, d’autre part de vérifier les résultats, en temps réel, comme sur un grand livre accessible au public. La solution est distribuée, c’est-à-dire que le nombre de serveurs est multiplié pour rendre quasiment impossible le piratage et la manipulation des votes et des résultats de l’élection. La solution de la Blockchain est également décentralisée: aucun serveur n’est seul responsable du traitement de l’information, multipliant la complexité des attaques informatiques. C’est tout un réseau de serveurs et d’organisations qui permettent l’enregistrement instantané des votes, sous forme cryptée, sur tous les serveurs du réseau de manière définitive, transparente, vérifiable et immuable. Pour falsifier les votes, il faut réussir à pirater la grande majorité des serveurs de ce réseau, ce qui est en réalité presque impossible.
Dans cette hypothèse, la CENI conserverait l’accès intégral et la surveillance de tous les serveurs.
On dit que la politique consiste à rendre possible ce qui nécessaire, et nous avons besoin de consensus fondé sur la confiance et la transparence. A environs 55 jours des élections, la CENI peut encore ajouter la Blockchain et sécuriser le vote, le comptage et les résultats des élections en les rendant invulnérables, infalsifiables et totalement vérifiables. Alors que la souveraineté nationale est en jeu, la République peut-elle se priver de cette solution et opportunité de consensus?
Samy Badibanga
Président du mouvement les Progressistes RDC
Député national et Premier ministre honoraire
Candidat n°18 à l’élection présidentielle

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page