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André-Alain Atundu: «Katumbi doit d'abord remplir les conditions»

 
L’émission «Magazine d’actualités pour tous»  diffusée sur la RTNC3 Institutions à laquelle a été associé le trihebdomadaire AfricaNews, a offert son plateau à André-Alain Atundu Liongo, porte-parole de la Majorité présidentielle, président de la Convention pour la démocratie et la République et président du Conseil d’administration  de la Société Nationale d’Electricité -SNEL. Au menu des entretiens, l’évolution du processus électoral en RD-Congo ainsi que la situation des coupures intempestives dans le réseau de distribution du courant électrique  géré par la SNEL. Concernant le processus électoral, Alain Atundu estime que les élections auront certainement lieu à la date prévue par la CENI. Il émet des doutes quant à la candidature de Moïse Katumbi à la présidentielle. Il évoque ici la question de la nationalité et des poursuites judiciaires qui entourent le dossier de l’intéressé ainsi que la confirmation de sa candidature par les institutions compétentes. Une nouvelle affaire Katumbi est née.  Entretien.
 
Quelle est la santé de la MP et plus particulièrement celle de votre parti, la Convention pour la démocratie et la République?
Notre parti participe à l’ambiance préélectorale actuelle et organise sa commission électorale. Il évolue au sein de la plateforme politique présidée par l’autorité morale de la CCU Lambert Mende dénommée CCU et alliés, sociétaire de la Majorité présidentielle -MP. Nous comptons mettre en place des mécanismes pour assurer une victoire à nos candidats afin de renforcer la position politiquement majoritaire de la MP.
A considérer les événements politiques actuels, la MP serait-elle secouée?
La Majorité présidentielle est très occupée. Nous avons la maitrise des évènements et nous nous attelons à ce qu’après les élections soit comme avant les élections. C’est-à-dire que maintenant nous sommes Majorité, demain nous ambitionnons de le rester encore.
 
Qu’est-ce qui peut garantir en ce moment au peuple RD-congolais qu’il ira bel et bien voter le 23 décembre prochain?
Jusqu’à présent il n’y a pas un handicap majeur. Les fonds sont régulièrement versés auprès de la CENI pour exercer ses responsabilités. La CENI s’emploie à avoir tout l’outil de vote pour sensibiliser non seulement les acteurs politiques mais aussi l’opinion sur le caractère important et déterminant de cet exercice dans la vie de notre démocratie.
 
 
A l’issue de 3 marches du Comité laïc de coordination pourtant interdites par le gouvernement, le ministère des Droits humains et les activistes ont produit un rapport sur les incidents survenus lors de la dispersion de ces marches. La Commission d’enquête a confirmé le bilan de 14 morts tués soit par balle soit asphyxiés en se basant sur les rapports médicaux. Avez-vous un commentaire à faire?
Je crois que la comptabilité macabre de ces marches ne devrait pas être la finalité des investigations. La finalité de l’enquête est de faire en sorte que de telles situations ne se reproduisent plus en recherchant les causes objectives et conjoncturelles, la responsabilité personnelle des uns et des autres. Voilà à quoi pourrait servir ce genre de rapport pour contribuer à l’apaisement de la vie politique dans notre pays.
Sur le plan politique, les lignes bougent au sein des partis. L’Opposition se dit prête à aller aux élections mais rejette la machine à voter proposée par la CENI. C’est la position soutenue par Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, Eve Bazaiba et Moïse Katumbi pendant que la Majorité approuve cette machine. N’est-ce pas là encore une divergence des vues qui risque de compliquer la tenue des élections?
Non! Je crois qu’il faut d’abord faire une mise au point. La MP n’a aucune compétence à co-organiser des élections, à en déterminer le mode de réalisation. La MP qui est une organisation privée est un sujet de droit comme le sont tous les citoyens et les organisations de ce pays. Notre rôle n’est pas de contester, mais de voir comment allons-nous nous organiser pour respecter la loi et tirer avantage pour notre formation. En général, ceux qui passent la plupart de leur temps à contester la loi se cramponnent sur un petit insecte en oubliant que le fruit est quand même mûr. Je pense que c’est un mauvais procès de dire que la Majorité présidentielle est d’accord avec la CENI.  La MP se soumet à la loi et reconnait à la CENI le pouvoir d’organiser les élections en fixant les dates. Ce n’est pas de notre compétence. Si nous avons une raison quelconque d’insatisfaction sur un sujet donné, les mécanismes de réclamation sont bien établies comme il y a un cadre de concertation entre la CENI et les partis politiques et aussi les juridictions compétentes du pays.
L’Opposition réclame la décrispation politique, la libération des prisonniers politiques emblématiques, l’ouverture des médias publics à tous les courants politiques, l’ouverture des médias appartenant aux opposants jusque là encore fermés. Sans oublier le fait de mettre un terme aux poursuites judiciaires contre Moïse Katumbi et au dédoublement des partis politiques en conformité avec l’Accord de la Saint Sylvestre. Jusque là, le gouvernement semble retarder les choses?
Cette question devrait être posée directement au gouvernement qui gère le pays au quotidien. Cependant, je dois vous dire que la décrispation politique ne devrait pas encourager l’anarchie dans le pays. Nous avons de lois qui jettent les bases de la démocratie à savoir la moralité publique et la constitutionnalité et aussi la cohésion nationale.
 
Toujours en rapport avec la tenue des élections, la CENI attend que le Ministère de l’Intérieur puisse lui transmettre la liste officielle des partis et regroupements politiques avant fin mars. Est-ce que la Majorité présidentielle, qui a un bilan à défendre de plus de deux mandats de cinq ans à la tête du pays, aura les ressources nécessaires pour battre les candidats de l’Opposition regroupés au sein de l’Ensemble pour Moïse Katumbi d’une part et d’autre part le cartel UDPS-UNC-MLC?
Personne ne peut aller à la guerre avec la prétention de vaincre. Il a la volonté de vaincre, mais il faut toujours être prudent. On ne peut pas aller aux élections avec la seule prétention de les remporter. Car on dit qu’on ne vend pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. Nous de la MP, nous prenons ce challenge au sérieux. Mais par contre, je note une certaine superficialité de la part de certaines plateformes qui s’organisent autour d’un prétendu candidat au sens juridique, mais qui pourrait ne pas être partant. A quoi sert cette émulation qui tourne autour de rien? Parce que les élections, c’est l’heure de vérité. Cette heure commence au moment de la proclamation des noms des personnes admises à la candidature. Si vous êtes recalé, si vous ne prenez pas suffisamment de précaution pour éviter un certain nombre de problèmes, vous n’avez qu’à vous en prendre à vous-mêmes. Dans le cas d’espèce, je ne sais pas si tous trouvent normal et pensent que la candidature d’un certain Moïse Katumbi par exemple est un élément essentiel de la victoire parce qu’il faut d’abord remplir des conditions. Ensuite, il faut que l’opinion tranche. Il ne faut pas confondre la notoriété, la popularité, les intentions de vote et le vote. Combien de fois n’a-t-on pas vu quelqu’un qui avait le meilleur score dans les intentions de vote perdre. Donc, soyons modestes. Un candidat président de la République dont on ne sait pas quelle est la nationalité valable ne peut pas être candidat président de la République.  Au sommet de l’Etat, on ne peut pas avoir quelqu’un sur qui existent des preuves d’une nationalité autre que la congolaise. J’ai entendu certains acteurs brandir le moratoire. Mais ce moratoire était pour la députation, il ne s’agissait pas de la plus haute fonction de la République qui est le garant du bon fonctionnement des institutions.
Qu’est-ce passe-t-il entre le PALU, l’ADFC et la MP puisqu’on a vu Modeste Bahati créer une plateforme AFDC et alliés pendant qu’au PALU il y a eu remue-ménage juste après la rencontre entre Adolphe Muzito et Lugi Gizenga, Eve Bazaiba, Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi? Cela fait-il trembler la MP?
Aucunement! Les problèmes du PALU sont internes.
Mais c’est votre allié de taille?
Effectivement, jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune notification ou une déclaration officielle du PALU mettant fin à notre alliance.
S’agissant de l’AFDC/Bahati, je crois qu’on lui fait de mauvais procès. J’ai rappelé tout à l’heure qu’au sein de la MP, nous sommes organisés en plateformes électorales, environ une dizaine. Le comportement de l’AFDC de Modeste Bahati correspond aux exigences stratégiques de la MP pour faciliter à tout le monde d’atteindre le seuil légal de représentativité et surtout de remporter les futures élections.
Votre premier candidat a déjà épuisé ses deux mandats constitutionnels et ne pourra plus se représenter. A quand la désignation de votre candidat à la présidentielle puisqu’Ensemble a déjà présenté Moïse Katumbi et l’UDPS Félix Tshisekedi?
Non ! La Majorité n’a pas de premier candidat.
Je le dis parce que Joseph Kabila, le candidat naturel a géré pendant deux mandats et ne se représentera plus pour avoir été élu en 2006 et 2011?
Oui, il avait été élu président deux fois et il y a eu la majorité qui s’est formée autour de ses œuvres. Joseph Kabila est le président de la République. Il est le garant du bon fonctionnement des institutions et de l’application de la Constitution. Devant le Congrès, il a repris les propos contenus dans l’Accord du 31 décembre 2016, et je dis clairement qu’il va respecter la Constitution. Après avoir exercé deux mandats, on ne peut pas prétendre à un troisième. Donc, je ne vois pas en quoi il est aujourd’hui candidat.
Monsieur le porte-parole, à chaque fois qu’on évoque la question du candidat président de la Majorité présidentielle, les gens ne veulent pas en parler. Cette question de désignation du candidat président constitue-t-elle un tabou à la MP? 
Je ne suis pas gêné ici d’en parler. Vous l’avez évoqué et j’ai répondu.

Propos recueillis par Octave MUKENDI

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