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Traffic frauduleux des minerais: ses partenaires internationaux pris la main dans le sac

Six véhicules 4×4 appartenant à des particuliers et aux Organismes internationaux, saisis pour fraude minière, ont été présentés aux médias, mercredi 13 décembre 2017 à Goma dans la province du Nord-Kivu. Selon le ministre provincial des mines, Anselme Kitakya qui a présidé cette cérémonie, ces véhicules ont été interceptés successivement par les forces et services de sécurité entre vendredi 8 et mercredi 13 décembre en territoire de Masisi et à la grande barrière à Goma. A l’en croire, ils contenaient des colis de colombo tantalite en voie d’évacuation frauduleuse vers le Rwanda.
 
Ce sont des preuves de plus que l’évasion des ressources minières de la RD-Congo par les pays frontaliers à l’est demeure une triste réalité qui implique certains partenaires internationaux. Le but poursuivi à travers ces activités illicites est sans nul doute l’exploitation et l’exportation frauduleuse des richesses du sous-sol RD-congolais. Mercredi 13 décembre 2017, le ministre provincial du Nord-Kivu chargé des Mines, Anselme Kitakya, a présenté à la presse à Goma six véhicules 4×4 appartenant à des particuliers et aux Organismes internationaux, saisis pour fraude minière. «Ces véhicules ont été interceptés successivement par les forces et services de sécurité entre vendredi 8 décembre et mercredi matin en territoire de Masisi et à la grande barrière à Goma. Ils contenaient des colis de coltan en voie d’évacuation frauduleuse vers le Rwanda», a révélé le patron des mines au Nord-Kivu. Parmi ces véhicules saisis, deux appartiennent à l’organisme international Action contre la faim -ACF, le troisième est une propriété du Haut-Commissariat aux Réfugiés -HCR- mis à la disposition de la CNR, le quatrième est un prêt de l’Association du Barreau américain au parquet de grande instance de Goma. Il y a aussi un véhicule appartenant à la société Graben Security, et le sixième immatriculé 5215 AE/19, portant l’identifiant «The Punisher», appartient à un particulier qui, selon certaines indiscrétions, est une personnalité influente en RD-Congo et au Rwanda. En plus de ces véhicules, l’on annonce la saisie jeudi matin vers Mubambiro de trois bidons de 25 litres, contenant environ 150 kilos de colombo tantalite enfuis dans du lait de vache frais.Reconnaissant qu’il y a eu d’autres cas de fraude décelés cette année, Anselme Kitakya s’est dit étonné par cette dernière saisie caractérisée par un modus operandi très particulier. «Tel le cas du véhicule saisi le matin à la grande barrière entre le Nord-Kivu et le Rwanda. Le tableau de bord trouvé dans ce moyen de locomotion indique que, jour après jour, il est transporté 5 tonnes de coltan ou 5 tonnes de nos minerais à destination du pays voisin. Et nous, nous demandons où sont passés nos services, quand ce véhicule sert à la fraude?», s’est-il interrogé. Pour sa part, Daniel Mbayo, coordonnateur de la Commission nationale de lutte contre la fraude minière -CNLFM-, pense que si les véhicules des ONG et des personnalités influentes de l’Etat sont maintenant utilisés dans la fraude minière, cela constitue une preuve que les fraudeurs, sous la pression des services de contrôle, changent de méthode, mais aussi que les partenaires internationaux  ne jouent pas franc jeux dans la traçabilité minière. «Aujourd’hui, nous voulons prouver à la face du monde que le coltan déclaré par les pays voisins, provient de la RD-Congo. Nous demandons à nos partenaires de jouer franc jeu», a-t-il renchéri.Quelques personnes, dont le nombre n’a pas été révélé, sont aux arrêts dans cette affaire, a annoncé le ministre provincial des Mines. Pour les ONG impliquées, le Directeur d’action contre la faim en RD-Congo, Luc Bellon, lui, précise que l’affaire implique seulement un de leurs chauffeurs et non cette ONG à but non lucratif. Il dit attendre l’issue de l’enquête à ce sujet. Dans l’espoir de l’assainissement de ce secteur appelé de tous les vœux par la population dans la région, le ministre provincial Anselme Kitakya a reconnu que le trafic frauduleux des minerais constitue un important manque à gagner pour l’économie de la province. Il a relevé la faible existence de comptoirs d’achat des minerais opérationnels à Goma ainsi que la carence de moyens substantiels pouvant permettre à la force navale d’exercer une surveillance accrue le long de la frontière sur le lac Kivu. Il a enfin déploré l’implication de certaines personnalités influentes du pays dans le réseau de trafic des minerais.

Olitho KAHUNGU

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