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Pourquoi la Gécamines refuse de payer Ventora? Le SG Ngele Masudi donne de la voix

Le secrétaire général de la Gécamines, Ngele Masudi, s’est enfin exprimé sur ce qu’on peut qualifier d’«affaires 200 millions d’euros» contractés auprès de Fleurette Mumi Holdings. Devant des représentants des ONG du secteur minier et des hommes des médias, il a éclairé la lanterne des uns et des autres sur ce dossier qui fait couler ancre et salive. Au cours de cette séance d’échange d’informations organisé mardi 24 décembre 2019 à Kinshasa au siège de l’entreprise, le SG de la Gécamines qui a confirmé la dette, a brandi les preuves de régularité de ce prêt et de toutes les étapes amorcées dans cette affaire. Ngele Masudi qui a exhibé le contrat signé en 2017 avec Fleurette Mumi Holding, fait savoir que la Gécamines est allée en appel contre sa condamnation et a refusé de payer Ventora à cause des sanctions américaines.

Le secrétaire général de la Gécamines, Ngele Masudi, a brisé son silence pour éclairer l’opinion sur le dossier relatif au prêt de 200 millions d’euros contracté auprès de Fleurette Mumi Holdings. Lors de cet échange, l’homme qui s’est appuyé sur ce qu’on peut appeler pièces à conviction exhibées à l’assistance, a réussi à convaincre les représentants d’ONG évoluant dans le domaine des mines qui tenaient coûte que coûte à avoir des éclaircissements sur cette affaire. Parce que tout, alors tout a été passé au peigne fin. Pour ce qui est de l’affaire de «faux contrat entre Fleurette et Gécamines», ces acteurs de la Société civile ont pu accéder à des documents et se sont rendus compte qu’il était vrai. Abordant les 128 millions d’euros qui seraient «non encaissés par Gécamines», d’après une certaine opinion, le secrétaire général de la Gécamines a voulu s’appuyer sur un document. Il a ainsi brandi l’extrait de compte avec le Swift qui existe.

Quant à la vraie destination prise par cet argent emprunté à Fleurette, les délégués des ONG du secteur minier ont pu voir le document du ministère des Finances. Ce document atteste bien que la mobilisation de plus de 90% des 128 millions d’euros, soit plus de 135 millions de dollars américains.

Une certaine opinion parle d’un accommodement entre Ventora, Gécamines et le juge du Tribunal de commerce de Lubumbashi. A sujet, «il a été mis en exergue le refus catégorique de payer défendu par les dirigeants de Gécamines, leur opposition au jugement rendu par une procédure en appel, l’obtention du non-paiement des dommages et intérêts de 50 millions de dollars et la mise en place des mécanismes nécessaires pour éviter toute saisie des comptes de Gécamines en vue d’un recouvrement éventuel par Ventora». Ces explications ont permis aux  délégués de comprendre qu’il s’agit simplement d’un déficit de communication au niveau de la Gécamines. Voilà pourquoi, ils n’ont pas hésité de demandé aux dirigeants de cette entreprise de publier régulièrement ses états financiers certifiés. Les ONG évoluant dans le secteur minier ont également conseillé les responsables de la Gécamines de se soumettre aux exigences de l’ITIE pour communiquer sur tout ce que la société paye à l’Etat et à des tiers. Les mêmes ONG n’ont pas manqué de dénoncer  l’habitude qu’affiche l’Etat RD-congolais, le seul actionnaire de la Gécamines, de délester l’entreprises de ses revenus, la privant même des ressources devant l’aider à développer ses projets sans se soucier de les rembourser. «Quand Gécamines emprunte de l’argent ou fait des transactions importantes, l’Etat-propriétaire fait souvent recours à ces fonds. Cela nous inquiète. Il est vrai que le gouvernement a beaucoup de besoins pour faire face à ses urgences. Mais faudrait-il pour autant tuer la Gécamines? Autant il faut prendre l’argent, autant il faut chercher comment rembourser pour que l’entreprise développe le projet pour lequel cet argent est destiné», a déclaré Georges Bokundu de l’Organisation internationale pour le suivi des ressources naturelles en Afrique australe -SARW. A l’entendre, c’est cette habitude de prélever de l’argent sans le rembourser qui a mis beaucoup d’entreprises du portefeuille en difficulté. C’est le cas de la Minière de Bakwanga -MIBA- qui rencontre des problèmes pour se remettre aujourd’hui. Face à cette situation, les ONG du secteur minier ont conseillé les autorités du pays de ne pas s’illustrer par ce même type de comportement afin de doter la Gécamines de moyens de sa politique.

Des sanctions américaines demeurent un obstacle majeur pour tout paiement

La Gécamines reconnaît avoir contracté la créance de l’ordre de 200 millions d’euros. Mais qu’elle n’a encaissé que 128 millions d’euros. De ce montant, explique-t-on, 90% ont été pris par l’actionnaire unique, l’Etat RD-congolais, au titre d’avances fiscales qui ont été mobilisées. L’avocat conseil de la Gécamines a donné des raisons de non paiement de cette dette. Dans son entendement, ce sont des sanctions américaines qui demeurent un obstacle majeur pour tout paiement de cet argent. «Pas un seul dollar, euro ou franc congolais de Gécamines ne peut être payé à Ventora -anciennement Fleurette Mumi Holdings-, au titre de remboursement de sa dette de 128 millions d’euros contractée en 2017, tant que cette société et ses propriétaires seront sous les sanctions américaines», a expliqué l’avocat conseil de la Gécamines, Me Roger Massamba. Voilà qui est clair comme l’eau de la roche.

Dorian KISIMBA

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