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Affaire GECAMINES-KCC: La vérité sur un accord qui fait jaser

KCC

Les réactions suscitées par le projet du Conseil d’administration de la GECAMINES de céder les parts sociales qu’elle détient dans Katanga Copper Compagnie -KCC- font jaser. Une enquête d’AfricaNews apporte un éclairage au public
Il est vrai qu’un peu plus de transparence de la part de la GECAMINES aurait suscité moins de bruits. De même qu’un campagne d’explication en amont sur le bien-fondé de la cession des parts de la GECAMINES dans KCC aurait permis de faire tomber les suspicions qui entourent aujourd’hui cette transaction, du reste, normale pour une société commerciale. En effet, la disposition d’actifs, la recapitalisation, l’endettement ou la privatisation partielle ou totale font partie de la panoplie des mesures que la société commerciale à travers le monde se doit de considérer, expliquent des économistes et des financiers avertis.

Les experts sont formels: à travers la prise de position des ONG sur cette affaire rendue publique le 24 octobre 2013, il apparait que la GECAMINES devrait, aux termes de la Convention de juillet 2009 entre actionnaires de KCC, soit apporter des réserves supplémentaires d’environ 4 millions de tonnes de cuivre et 205.000 tonnes de cobalt en juillet 2015. La GECAMINES aurait accepté que ses royalties et dividendes futurs soient retenus par KCC au titre de payement jusqu’à ce que KCC ait récupéré le total de la compensation financière.
La situation s’éclaircit dès lors: la valeur de KCC pour l’actionnaire GECAMINES est négative et c’est cela qui aurait poussé la haute direction de la GECAMINES à recourir à la transaction de vente de son actif dans KCC pour rentabiliser autrement l’entreprise. Le Conseil d’Administration de la GECAMINES doit-il être blâmé pour cela? Aux financiers de répondre en toute objectivité. Ceux qui ont passé la transaction décriée au peigne fin évoquent la transparence qui a entouré l’opération. La direction de la GECAMINES a confirmé, a-t-on appris, que 14 acheteurs potentiels ont été approchés et ont formellement enregistré leur intérêt pour l’acquisition de sa participation dans KCC à hauteur de 20%, la majorité de la mise de cuivre étant détenue par Katanga Mining Limited, cotée à la bourse de Toronto au Canada. Le processus de soumission, quant à lui, est géré par la Renaissance Capital, à titre de conseiller financiers de la GECAMINES.
Il est entendu que les soumissionnaires potentiels ont été approchés spécifiquement, soit parce qu’ils font preuve d’une expérience directe du fonctionnement d’une mine en Afrique Subsaharienne en général et en RD-Congo en particulier, soit parce qu’ils ont été reconnus s’être investis dans d’autres projets cuprifères de taille mondiale et revêtant le même type de défis que KCC. Une vente aux enchères ouverte n’a pas été jugée appropriée étant donné que le nombre de soumissionnaires potentiels, prêts à prendre le risque d’acquérir une part minoritaire dans une mine lourdement endettée, était insignifiant. Aucun soumissionnaire n’a reçu un traitement préférentiel et tous les soumissionnaires ont eu accès à la même information.
Il était donc normal que le Groupe Fleurette, détenu par Dan Gertler, ait accepté de participer à ce même processus. Les arguments sortis sont massues: «le Groupe Fleurette est déjà un des investisseurs importants dans le Katanga, pour y avoir consacré plus d’USD 500 millions dans l’acquisition d’actions dans Katanga Mining -et dans Nikanor plc avant sa fusion avec Katanga Mining- depuis 2007 et de son engagement continu à investir en RD-Congo». Puis, «Katanga Mining a investi plus d’USD 3 milliards à ce jour dans le développement de la mine et de la production du cuivre». Puis encore: «le Groupe Fleurette est l’un des plus importants investisseurs en RD-Congo. A ce jour, ses activités ont assuré plus d’USD 7 milliards en investissement direct étranger -IDE- en RD-Congo ayant lui-même directement investi USD 1,5 milliard pour l’acquisition et le développement des actifs miniers au pays».

Participer à un tender pour l’acquisition d’un actif minier n’est pas un pêché, c’est l’offre la plus disante qui sera retenue
Géopolis Magazine, une publication spécialisée dans les mines, confirme, dans son édition n°40 de juillet-août 2013, des informations crédibles et vérifiables parues dans ces mêmes colonnes, annonçant, lui aussi, que les sociétés détenues par le Groupe Fleurette et ses partenaires emploient actuellement environ 20.000 RD-Congolais et sont parmi les plus importantes sources de recettes fiscales pour le gouvernement de la RD-Congo dont environ USD 370 millions de dollars en impôts, payés l’an dernier, directement au compte du trésor public de la RD-Congo.
De même le site www.gertlerfamilyfoundation.org et la page Facebook de la Fondation renseignent qu’en plus de l’engagement financier significatif du Groupe Fleurette en RD-Congo, Dan Gertler lui-même a co-fondé la Fondation Famille Gertler ou la «Gertler Family Foundation» -GFF- en 2004 et en fait le plus grand organisme de bienfaisance en RD-Congo.
Avec un budget de fonctionnement annuel de plus d’USD 5 millions, GFF finance plus de 50 programmes et projets à travers plusieurs provinces de la RD-Congo dont Kinshasa, le Maniema, la Province Orientale, le Kasaï Occidental, le Bandundu, le Bas-Congo et le Katanga. Des dizaines de milliers de RD-Congolais en dépendent chaque année, dans plusieurs domaines. Notamment la construction et de l’équipement d’hôpitaux -Hôpital du Cinquantenaire de Kisangani, Hôpital Général de Kipushi, Hôpital Général de Sendwe à Lubumbashi. Le soutien financier tous azimuts dans la campagne d’opération de becs de Lièvre -Opération Smile- à Lubumbashi et Kinshasa et très bientôt à Kisangani. La reconstruction et la réhabilitation des écoles -école Blaise Pascal à Lubumbashi, EP III et IV de Binza Delvaux, EP Mfumu Nkento de Mokali à Kimbanseke. On note aussi le soutien financier accordé à divers orphelinats et hospices pour personnes âgées à travers le pays, etc. S’ajoutent les appuis financiers dans les domaines des arts, de la culture et du tourisme;
de la protection de l’environnement -faune et flore- par le financement d’une clinique vétérinaire au Zoo de Lubambashi; de l’agriculture, pêche et élevage à travers Kitoko Food, le plus grand investissement privé dans le domaine agricole actuellement en RD-Congo.
La GECAMINES a déclaré que, contrairement aux récentes spéculations, le processus visant à vendre ses 20% à qui que ce soit n’est même pas encore finalisé et qu’au finish aucune décision n’est à ce niveau-ci irréversible.
Certains sont d’avis que la surenchère observée dans les médias ces derniers temps serait liée aux enjeux politiques de l’heure, notamment à la formation dans les prochains jours du gouvernement de cohésion nationale. «L’échéance semble dicter des postures aux opérateurs politiques», avancent d’aucuns déduisant que «les veilles rivalités entre le ministère du Portefeuille et celui des Mines au sujet de la gestion des entreprises publiques du secteur minier seraient pour quelque chose dans l’affirmation selon laquelle le gouvernement n’était pas informé de la vente par la GECAMINES de ses actifs dans KCC».

Participer à un tender pour l’acquisition d’un actif minier n’est pas un pêché, car c’est l’offre la plus disante qui sera retenue. Alors les attaques dans la presse contre l’investisseur Dan Gertler ne se justifient pas. La GECAMINES est une société commerciale qui dispose d’un plan de déploiement qui exige des moyens colossaux. Il est donc impensable qu’elle ne considère guère tous les moyens de financement possible qui lui permettraient de réinvestir dans les projets qu’il détient en propre et donc par ricochet accroître sa rentabilité globale. Pour le reste, quant au processus de tender, toute autre entreprise ayant les capacités techniques et financières est autant éligible que toute autre, le Groupe Fleurette compris.

KISUNGU KAS

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