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MLC et PPRD s’opposent aux mesures de Félix

Les trois décisions prises par le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, à la faveur de la réunion interinstitutionnelle du lundi 18 mars 2019, font jaser. Elles ont été au centre des réunions urgentes dans les Etats-majors de certains partis et regroupements politiques, et ont fait l’objet des réflexions de la part de certains constitutionnalistes.

Le Mouvement pour la libération du Congo -MLC- de Jean-Pierre Bemba et le Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie -PPRD- de Joseph Kabila ont rejeté les décisions issues de cette réunion tenue à la Cité de l’Union africaine.

«Consterné», le MLC, dans son communiqué de presse du lundi 19 mars, «relève l’incompétence absolue en cette matière de cet organe informel dépourvu de tout pouvoir décisionnel au regard de la Constitution». Le parti de Bemba «note avec sidération l’amalgame et l’amateurisme qui ont tendance à élire domicile au sommet de l’Etat. Les questions internes à un parti politique ne peuvent impacter la vie d’une nation». Pour ce parti politique membre de la coalition Lamuka, Félix Tshisekedi ne fait preuve d’aucune capacité à établir un départ entre la gestion de l’Etat et ses propres intérêts privés tant familiaux que partisans.

Dans le camp du PPRD, l’on fait remarquer que les allégations de corruption à charge des députés UDPS ne peuvent être prises en compte que si elles sont établies par des voies judiciaires. «Il reviendrait donc à l’UDPS d’en fournir les preuves devant les instances judiciaires, ce qui pourrait entrainer non pas l’annulation des scrutins, mais tout au plus la condamnation des personnes à charge desquelles l’infraction de corruption serait établie», souligne le parti de Kabila non sans qualifier ces mesures «anticonstitutionnelles» et les rejeter en bloc. 

Enorme et flagrante inconstitutionnalité

Constitutionaliste et professeur à la faculté de Droit de l’Université de Kinshasa, Sam Bokolombe Botuli est d’avis que les décisions ayant découlé de la réunion interinstitutionnelle sont «d’une énorme et flagrante inconstitutionnalité». «L’on ne peut, sauf cas de force majeure, état de guerre ou de siège, suspendre le processus électoral et différer la mise en place des institutions et ce, sur «décision» d’une structure de fait et incompétente qu’est la réunion interinstitutionnelle», a-t-il expliqué dans une tribune, soutenant que les enquêtes sur les allégations de corruption sont opportunes et légitimes dans le souci de moraliser la vie publique.

Cependant, Sam Bokolombe a insisté sur le respect des attributions dévolues à chaque institution, notamment «à la CENI la poursuite du processus électoral et aux Cours et Tribunaux les enquêtes et éventuelles poursuites judiciaires des suspects pour corruption».

Les trois décisions qui fâchent

De cette réunion interinstitutionnelle, trois principales mesures ont découlé. La première consiste à la suspension de l’installation des sénateurs élus au terme des sénatoriales du 15 mars 2019. Les résultats de ces élections ont consacré une victoire écrasante du Front commun pour le Congo -FCC- qui a raflé 81 sièges sur les 100 en jeu.

Aussitôt publiés, ces résultats ont été rejetés par l’UDPS, parti présidentiel, dont les militants se sont livrés à des actes de vandalisme ayant causé d’importants dégâts matériels et des pertes en vies humaines.

Ces incidents ont été à l’origine de la réunion interinstitutionnelle dont la deuxième et troisième mesure porté sur le report sine die des élections des gouverneurs et l’ouverture, par le PGR, d’une enquête afin d’identifier les élus provinciaux corrompus et candidats sénateurs corrupteurs.

Laurent OMBA

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