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FCC-CACH, la montée du conflit

Les relations entre le Front commun pour le Congo -FCC- et le Cap pour le changement -CACH- ne sont pas au beau fixe. Pour cause, la contestation par le FCC de récentes ordonnances présidentielles nommant les Directeurs généraux et les membres des Conseils d’Administration de la Générale des carrières et des mines -GECAMINES- et de la Société nationale de chemin de fer du Congo -SNCC. Si le FCC estime que ces ordonnances présidentielles violent la Constitution de la République parce que jamais débattues en Conseil des ministres et non contresignées par le Premier ministre, la famille CACH ne veut pas l’entendre de cette oreille. Du coup, une soudaine montée du conflit entre les deux partenaires s’observe sur la scène politique.  

Vendredi 07 juin, le Bureau de l’Assemblée nationale a convoqué une plénière avec à l’ordre du jour la mise en place des commissions permanentes. Mais le député FCC Léon Mondole a soulevé une motion incidentielle, portant sur les ordonnances du Chef de l’État ci-haut évoquées. Après débat, la speakirine Jeanine Mabunda a demandé au ministre du Portefeuille de surseoir à l’exécution de ces ordonnances. Tout a eu une conséquence que le Bureau n’avait peut-être pas prévue: la colère des sociétaires du CACH. Ce débat à travers lequel on a laissé le Parlement s’en prendre au rôle du Président de la République a fait monter la coalition CACH sur ses grands chevaux.

Le même vendredi, les députés du Groupe parlementaire CACH ont dénoncé le «silence coupable» du Bureau de l’Assemblée nationale lors de la plénière, se disant désagréablement surpris et étonnés du comportement observé dans le chef de leurs partenaires députés du FCC. Ils ont dénoncé l’organisation d’un débat parlementaire sur les dernières ordonnances du président de la République, et ce, en violation flagrante de la Constitution.

Déplorant le caractère peu sincère de leurs partenaires du FCC, les députés du CACH ont estimé que cette motion qualifiée d’inopportune et provocatrice a été concoctée «en catimini 24 h avant la plénière».Dans leur déclaration lue le samedi 8 juin au Palais du peuple, ils ont déclaré haut et fort que l’Assemblée nationale n’est pas le lieu indiqué pour débattre des actes administratifs posés par le Chef de l’État. «Nous dénonçons l’indifférence coupable du bureau de l’Assemblée nationale. Les propos tenus par le FCC constituent un outrage non seulement envers le Président de la République, mais aussi envers la nation toute entière», a tonné Léon Ntumba, porte-parole du CACH.

Charles Nawej indexé

L’UDPS, sortie de son silence, a exigé le mea culpa de l’Assemblée nationale au Président de la République. Le parti tshisekediste a accusé le député FCC Charles Nawej, l’un des intervenants au débat, d’outrage au Chef de l’Etat et a demandé au Procureur près la Cour de cassation de le poursuivre en justice. Pour Alfred Maisha, le FCC abuse de l’Assemblée nationale pour lancer des propos inappropriés à l’égard du Président de la République. «Nous demandons que cette recréation s’arrête. Parce que nous ne sommes pas venus les accompagner dans leurs aventures d’antan. Nous sommes venus voir comment, ensemble avec eux, nous devons nous occuper du vécu quotidien de nos compatriotes», a-t-il averti.

Les hostilités s’annoncent beaucoup plus rudes alors que les discussions pour la formation du gouvernement sont au point mort. Dans une déclaration publique, les députés CACH ont également menacé de lancer une pétition en vue de faire tomber le Bureau de l’Assemblée nationale. «Par quel miracle?», s’interroge-t-on côté FCC qui opte jusque-là pour le silence. 

«Nous n’acceptons pas ça, sinon nous aussi nous allons faire recours maintenant à notre pouvoir d’introduire une pétition contre ce bureau pour qu’on le remplace. Parce que le bureau ne maîtrise pas très bien son travail.  Surtout que sa mission n’est pas de contrôler le Chef de l’Etat», a menacé le député national CACH/UNC Crispin Mbindule.

Les députés CACH ont invité leurs collègues du FCC à plus de retenue et à privilégier avant tout l’intérêt du peuple.

La crise est là. Une coalition en difficulté quelques mois seulement après sa mise au monde? Pour les observateurs, c’est le résultat désolant de petits jeux tactiques de la classe politique. Mais aussi le signe que, désormais, le respect des textes et la séparation des pouvoirs s’inscrivent au cœur du débat politique. Député FCC, Papy Niango n’a pas mâché ses mots en dénonçant la violation de la procédure à la faveur de la motion incidentielle de Léon Mondole, insistant sur le fait que le Parlement est incompétent pour se prononcer sur les actes de disposition du Président de la République.

Achille KADIMA M.

Olitho KAHUNGU

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