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Et si Kabila faisait ses adieux…

Il y a des dossiers sensibles sur lesquels la classe politique et le peuple RD-congolais attendent obtenir des éclaircissements de la part du Président Kabila. Notamment le probable 3ème mandat tant insinué par certains de ses proches, la libération des prisonniers politiques et d’opinion sans oublier la réouverture des médias de l’Opposition fermés, et ce dans le cadre de l’application de l’Accord politique et global de la Saint-Sylvestre. Le recours à la machine à voter soutenu par la CENI, appuyé par la Majorité présidentielle mais rejeté par l’Opposition politique figure aussi au menu des préoccupations de l’opinion tant nationale qu’internationale. L’avenir du processus électoral dépendra de la réponse que le Chef de l’Etat apportera à ces dossiers. D’aucuns pensent que le Chef de l’Etat peut surprendre en faisant ses adieux au fauteuil présidentiel et en choisissant un dauphin. 
 
Sauf changement intervenu en dernière minute, le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange prononcera son discours ce jeudi 19 juillet au Palais du peuple devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. D’aucuns pensent que le Chef de l’Etat peut surprendre en faisant ses adieux au fauteuil présidentiel et en choisissant un dauphin.
Son adresse est très attendue pendant cette période cruciale où la RD-Congo se prépare à organiser des élections libres, transparentes et démocratiques. Personne ne sait encore avec certitude ce que dira le président RD-congolais. Le Secrétaire général de l’ONU, Antonia Gutterres a tout récemment mis de l’eau dans la bouche des RD-Congolais en déclarant que Joseph Kabila annoncera de grandes décisions dans les jours à venir.
A la suite de la publication d’une série d’ordonnances présidentielles faisant le remue-ménage au sein des Forces armées de la RD-Congo le samedi 14 juillet 2018, notamment avec la nomination du nouveau Chef d’Etat-major des FARDC, le général Mbala Munsense, en remplacement du Général Didier Etumba, envoyé à la retraite puis nommé conseiller militaire du Chef de l’Etat, les deux chefs d’Etat-major adjoints dont Gabriel Amisi Kumba en charge des opérations et du renseignement, sans oublier le retour en force du général John Numbi, nommé Inspecteur général des FARDC, l’opinion  publique s’est déjà fait une certaine idée de la position du chef de l’Etat et d’éventuelles grandes décisions attendues au Congrès.
Au regard de la Constitution qui a fixé le mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une seule fois, les RD-Congolais souhaiteraient que le Chef de l’Etat puisse se prononcer clairement sur une éventuelle candidature à sa propre succession ou pas et ne plus laisser le peuple sur sa soif avec sa phrase énigmatique habituelle «je respecterai la Constitution» qui ne cesse de donner libre cours à diverses interprétations. Ce discours intervient au moment où la Commission électorale nationale indépendante -CEN- s’apprête à réceptionner les candidatures aux élections présidentielle et législatives nationales après avoir enregistré celles qui ont trait à la députation provinciale et dont les listes sont en train d’être affichées. La date limite pour ce dépôt, selon le calendrier fixé par la CENI, interviendra le 8 août prochain. Dans l’entretemps, Joseph Kabila est disposé à recevoir le secrétaire général de l’ONU et le président de la Commission de l’Union africaine après le dépôt des candidatures à la présidentielle. Toutes les précédentes rencontres projetées avant avec ces sommités internationales n’ont pas se tenir suite au calendrier surchargé de Joseph Kabila, à en croire ses proches.
Autre chose, Joseph Kabila se prononcera également après qu’il ait initié une méga plateforme électorale dénommée Front commun pour le Congo -FCC- dont l’objectif principal assigné à ses signataires est le soutien inconditionnel à un candidat commun à la prochaine présidentielle.
Ici encore, l’opinion attend que le Chef de l’Etat donne sa position claire s’il procèdera ou pas à la désignation d’un dauphin, à moins de passer par des élections démocratiques en interne pour dégager le nom du meilleur joker. Dans la foulée, des têtes pensantes et agissantes du monde universitaire ont signé un manifeste le samedi 14 juillet pour dire non au 3ème mandat de Joseph Kabila, l’appelant à respecter la Constitution.
Climat politique méfiant
L’adresse de Joseph Kabila intervient dans un contexte où le processus électoral en cours est entaché de beaucoup de difficultés. Les violons ne s’accordent pas entre la CENI et l’Opposition. D’une part, le président de la CENI, Corneille Nangaa ne jure que par l’utilisation de la machine à voter pour faire avancer le processus et minimiser le coût des élections. Selon lui, sans cette machine, les élections n’auront pas lieu à la date initialement prévue dans le calendrier électoral publié le 5 novembre 2017, soit le 23 décembre prochain. La Majorité présidentielle soutient l’utilisation de cette machine.
D’autre part, l’Opposition rejette le recours à cette machine. Elle accuse la CENI de violer la loi électorale et la Constitution en introduisant le vote électronique en recourant à la machine à voter. L’Opposition qui a aligné ses candidats à la députation provinciale, se dit prête à aller aux élections mais sans machine à voter. Elle pose également d’autres conditions dont le nettoyage du fichier électoral pour élaguer près de 10 millions d’électeurs fictifs dénichés par la mission d’audit de l’Organisation internationale de la Francophonie -OIF. Il s’agit des enrôlés sans empreintes digitales et des mineurs.
Ce n’est pas tout. L’Opposition s’en tient à l’application intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre, notamment avec la décrispation politique axée sur la libération des prisonniers politiques et d’opinion ainsi que la réouverture des médias de certains membres de l’Opposition qui ont été fermés. Et cela sans oublier que le pouvoir puisse mettre fin aux poursuites contre Moïse Katumbi Chapwe, candidat président de la République de la plateforme politique Ensemble pour le changement.
A la tripartie CNSA-CENI-Gouvernement, le ministre d’Etat à la Justice, Alexis Thambwe Mwamba, a déclaré lundi 16 juillet que les prisonniers politiques comme Franck Diongo, Diomi Ndongala, Jean-Claude Muyambo et Gecoco Mulumba ne seront pas libérés. Une prise de position très critiquée par l’Opposition qui accuse le pouvoir en place d’entretenir le flou pour ne pas organiser des élections.
Autant de dossiers sensibles sur lesquels l’opinion RD-congolaise attend des réponses dans l’adresse du chef de l’Etat. L’évolution du processus électoral dépendra des décisions que le Président Kabila annoncera ce jeudi 19 juillet aux députés et sénateurs réunis en Congrès. Et la réplique de l’Opposition et de la Société civile dont l’Eglise catholique ne se fera pas attendre. Les prochaines heures seront déterminantes pour l’avenir du processus électoral en RD-Congo.
Octave MUKENDI

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