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CES: les pressantes attentes de JP Kiwakana

Pour plus d’une raison, le Conseil économique et social -CES- a aligné le genre de session dont le pays a besoin pour son développement surtout qu’il aspire à l’émergence non seulement de son économie, mais de tous ses secteurs, les uns tout aussi névralgiques que les autres. A tous points de vue, il faudra noter que la 2ème session ordinaire du CES a le mérite d’avoir répondu à ses attentes. Il n’y a qu’à voir la qualité de ses Avis et autres recommandations pour s’en faire une idée.
 
Sortir de la dépendance
Une fois de plus, le Conseil économique et social a réitéré ses espoirs de voir naître une volonté «à s’engager dans une dynamique de réhabilitation de la dignité du citoyen         RD-congolais. Qui devra garantir son bien-être par le fruit de son travail positif et sortir ainsi de la dépendance exclusive à l’Etat sans aucune contrepartie effective. Ainsi que l’a souligné le président du CES, il a été question pour les Conseillers de la République de concrétiser les objectifs déclarés en octobre dernier en vue d’apporter la lumière sue certains enjeux et obstacles sur le chemin de notre quête commune du développement humain et de l’émergence de notre pays». On sait que c’est dans la foulée de la campagne électorale dont l’issue interviendra dans quelques jours, en l’occurrence le 23 décembre prochain, que Jean-Pierre Kiwakana a fait ressortir «le vœu le plus ardent du Conseil économique et social de voir le pays être doté de responsables qui sauront rétablir les équilibres et impulser notre économie dont les retombées doivent profiter d’abord au social et au bien-être des citoyens RD-congolais».
 
Sept thématiques
Réforme de la fiscalité en RD-Congo, Analyse de la conjoncture économique et sociale, Gestion des déchets en milieux urbains, Problématique du transfèrement des eaux du bassin hydrographique du Congo, Formation et Employabilité des jeunes, Emergence de la classe moyenne congolaise et Epineuse question de la lutte contre la corruption en RD-Congo, ce sont en effet les sept thématiques sur lesquelles ont porté essentiellement les travaux de la session d’octobre. Dans tous les cas, la plupart d’entre elles ont fait l’objet d’analyses très approfondies au sein des Commissions permanentes du CES. Pendant l’intersession, elles auront pour tâche de matérialiser ces analyses en Avis de telle sorte qu’ils soient soumis à la sanction lors des plénières de la prochaine session.
 
Une priorité dans l’agenda national
Conjoncture économique et sociale, agriculture, émergence de la classe moyenne, environnement, corruption, éducation, voilà les principaux axes ayant constitué les travaux de la session d’octobre. De ce premier axe, on retiendra qu’au cours de cette session, une analyse de la conjoncture économique et sociale de la RD-Congo a été faite avec pour but d’éclairer sur l’évolution des questions économiques et sociales du pays. «Au regard des tendances qui s’en sont dégagées, s’agissant des agrégats économiques ou des indicateurs sociaux, la situation est en pleine évolution», a fait savoir le président du CES. Il a relevé l’impérieuse nécessité de voir les questions économiques être une priorité dans l’agenda national afin de consolider une économie à même de faire face aux besoins des populations et de promouvoir l’émergence souhaitée. Qu’il ait mis l’éducation au tout premier plan, ce n’est que faire justice. C’est mérité pour un tel secteur. «On ne le dira jamais assez, l’éducation est un facteur majeur pour le développement d’un pays», a soutenu JP Kiwakana. De toutes les façons, a-t-il fait valoir, selon l’avis sur la formation technique et professionnelle: stratégie d’amélioration de l’employabilité et de résorption du chômage des jeunes, il a été relevé l’inadéquation de la formation/emploi, due aux contraintes structurelles et conjoncturelles parmi lesquelles: la mauvaise gestion des ressources humaines, le sous-développement de la recherche, l’état des infrastructures et d’équipements et la faiblesse du financement de l’Etat. Par ailleurs, il estime utile d’accentuer la lutte contre les maux qui gangrènent notre système éducatif notamment la faible qualification du personnel enseignant…
Quant à l’agriculture souvent déclarée «Priorité des priorités» même s’il y a lieu que «ce vœux devienne une réalité, ce secteur est susceptible de garantir une contribution significative au développement global de l’industrie nationale, mais aussi à la croissance économique inclusive». Cela est d’autant plus vrai que «développé rationnellement, ce secteur est également essentiel à renforcer les paramètres de souveraineté nationale nous évitant ainsi à continuer à dépendre des autres pour nous soigner… à défendre les autres pour assurer l’éducation de nos enfants, etc.», a fait réfléchir le président du Conseil économique et social.
Dans cette optique, cette institution a analysé en profondeur le système de financement de l’agriculture, principal obstacle dans la mise en œuvre de tous les plans et programmes initiés depuis bientôt plusieurs années. Concernant le secteur de la santé et le constat qui est fait, au CES, on a mis en avant la nécessité pour le pays de «s’engager résolument dans la voie de réformes importantes en matière de politique sanitaire, y compris la réforme des facultés universitaires enseignant toutes les sciences médicales. La médecine préventive doit être notre préoccupation première en vue d’amoindrir les dépenses onéreuses en cas de riposte aux épidémies cycliques ou dans la prise en charge des maladies en général, et celles des mains sales en particulier».
La pratique de l’hygiène et l’assainissement de nos milieux de vie ainsi que la desserte des ménages en eau potable seront d’une contribution substantielle pour combattre ces types de maladies. A ce propos, le CES poursuit sa réflexion sur la gestion des déchets dans la ville province de Kinshasa. Dans toutes les communications du CES, les questions environnementales ont toujours été largement abordées. Elles sont à la fois multiples et importantes, portant sur le climat, la gestion des forêts, les tourbières, la gestion des eaux, des écosystèmes, sans oublier les opportunités financières qui sont censées en découler. «Autant nous sommes conscients du rôle porteur de ce secteur sur l’économie nationale, autant nous devons garder à l’esprit que la préservation de ce patrimoine mondial doit être une priorité dans notre agenda national pour le bien des générations futures».
La planète Terre est un bien commun. Il est donc utile que chaque Nation s’engage à une conscientisation autant morale qu’éthique pour que chaque peuple réalise qu’il est de notre responsabilité commune de maintenir cette Planète viable. Il n’est pas trop tard pour agir mais nous devons intégrer qu’en la matière il n’y a pas et il n’y aura pas de plan B. La RD-Congo qui a une partie de la solution aux changements climatiques et partie prenante à cet Accord de Paris, attend les retombées des fonds verts pour le climat de manière à stabiliser son énorme potentiel forestier afin de jouer pleinement son rôle de deuxième poumon de la planète. Sa contribution déterminée au niveau national, avec ses trois piliers, à savoir: la forêt, l’agriculture et l’énergie, a besoin de l’appui de tous les acteurs au niveau national et provincial et surtout, la concrétisation des engagements des partenaires bi et multilatéraux pour qu’ensemble et dans la transparence et la bonne gouvernance de ces secteurs clés pour le climat, nous arrivions à infléchir la courbe des émissions de gaz à effet de serre.
 
De la gestion durable des forêts
Nous ne pouvons clore ce chapitre sans souligner que le secteur forestier de la RD-Congo génère chaque année moins de 10 millions de dollars de recettes fiscales, ce qui est dérisoire par rapport à la destruction d’une forêt tropicale essentielle pour le climat. Il est plus qu’urgent d’organiser des états généraux sur l’avenir des forêts RD-congolaises et de lever les options pour leur gestion participative en privilégiant les intérêts des communautés riveraines, du climat et des investisseurs crédibles. Ces options seront ensuite coulées dans une politique forestière nationale, qui orientera sans nul doute, la révision souhaitée, par toutes les parties prenantes au code forestier actuel, devenu obsolète, se focalisant principalement sur l’exploitation des produits forestiers ligneux.
 
De la corruption
Le Conseil économique et social a travaillé depuis des mois sur la corruption et a enregistré des points de vue de plusieurs personnalités tant du monde scientifique que politique à l’occasion des séances académiques organisées par le Conseil en assemblée plénière au cours des sessions précédentes. Les conclusions de ces exposés nous amènent à affirmer que la RD-Congo souffre d’une corruption endémique et cyclique. Cette dernière se pratique à tous les niveaux de la vie nationale, dans une attitude de banalisation collective et d’impunité totale. Ce qui laisse planer la triste idée que, pour la majorité des congolais en divers lieux, le mal semble s’enraciner de manière pérenne et que personne ne pourra changer la situation. En fait, tous les secteurs de la vie nationale sont frappés par la gangrène de la corruption. Plusieurs questionnements foisonnent dans les esprits de ceux qui en souffrent le plus: Pourquoi ça ne change pas? Où établir les responsabilités? Quels en sont les conséquences? Qu’est ce qui peut et doit être fait?
 
De l’émergence d’une classe moyenne RD-congolaise
Cette préoccupation chère à Son Excellence Monsieur le Président de la République et Chef de l’Etat reste également présente au subconscient de tout acteur politique, économique, social, culturel, religieux ou autre responsables patriotes. On ne trouve pas le bien-être dans la pauvreté qu’il faut à tout prix combattre. Nous sommes à la croisée des chemins, au carrefour de notre destinée, par les choix des politiques à mener et des réformes courageuses à engager pour enfin concilier le rêve de l’émergence à la réalité d’une croissance inclusive au service du bien-être collectif et de l’éradication de la pauvreté. Le CES recommande que le développement de la RD-Congo provienne de la sommation intégrée des développements locaux au niveau des entités territoriales décentralisées -ETD- du pays. C’est pour cette raison que le CES compte privilégier et renforcer un partenariat efficace avec toutes les provinces de la RD-Congo. L’expérience du Haut-Uélé est à capitaliser et à inscrire dans l’affirmation de l’éveil des consciences de notre peuple, qui doit s’assumer et être fier de là où il est, là où il vit. A la veille de la mise en place de nouvelles institutions, il est important que les grandes questions telles que le renforcement de l’autorité de l’Etat, le partenariat public-rivé, l’émergence du pays et le social du RD-Congolais, soient pourvus d’un contenu réel afin de bannir les pratiques qui affaiblissent notre système de gouvernance. Des observations et conclusions qui découlent de différentes thématiques traitées au cours de cette session, il en ressort la nécessité de rétablir l’autorité de l’Etat et de respecter les principes démocratiques de gouvernance. «La rédevabilité doit être inscrite dans notre système de gouvernance en vue de garantir la transparence et créer un climat de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. La gestion saine des ressources de l’Etat et la promotion des valeurs éthiques doivent préoccuper tous les acteurs», a conclu J.P. Kiwakana.
 
Tino MABADA

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